Abou Ali est né en 1935 à Marrakech d'un père Fakih qui n'approuvait guerre la passion de son fils pour le dessin et une mère, originaire de Sous, femme au foyer, analphabète. Elle décède alors que Aziz est encore petit enfant. Il avait quatre demi frères et sœurs à la suite de plusieurs mariages de son père[1]
Il avait plusieurs talents, coloriste, graveur, plasticien et sculpteur. Mal traité par les épouses de son père, il quitte la maison paternelle et trouve refuge dans la rue en bricolant des petits métiers en apprenti chez un réparateur de bicyclette. Il dormait dans les locaux de la zaouia tijaniyya de Marrakech[1].
Après son travail, il troquait la clef à molette contre le pinceau. Il passait son temps à dessiner sur commande et reçoit en contre partie des tubes de peinture et des pinceaux[1].
Il est mort en 1993 à Madrid, au centre historique, connu sous le nom de "Puerta del Sol". et dans un bâtiment vidé de ses habitants en vue de sa restauration. Le corps de l'artiste marocain résidant en Espagne, Aziz Abu Ali, a été retrouvé 45 jours après sa mort. Il avait pourri, parmi ses peintures et ses outils, dans le dessin, la gravure et la formation[2] Lui et ses œuvres formaient un seul être[3].
Parcours et formation artistique
Artiste solitaire, dès son jeune âge il était impressionné par les illustrations, les décorations du zellige marocain dans les zaouia, les mausolées et les mosquées qu'il fréquentait avec sa mère et son père. Il a appris à lire et à écrire en autodidacte. Il a longtemps suivi des cours à l'école française ABC de dessin par correspondance grâce à l'élite du quartier où il habitait.
Depuis 1956, sa renommée le devançait. Son art et ses créations artistiques ont attiré l'attention des organisateurs du salon d'hiver à Marrakech et on lui décerna son prix.
Aziz Abou Ali était sollicité par les troupes de théâtre à Marrakech pour la réalisation des décors, Théâtre de l'Union, Théâtre de l'arabité, la Troupe estudiantine, etc.[4]
Sources d'inspiration
Le défi était le mot clé pour ouvrir les portes et surmonter les obstacles. Enfant orphelin de mère et un père qui dévalorise ses créations.; Abou Ali était envahi et séduit par les ornements sur les murs de la ville ocre et par les ciselures des bois dans les mausolées avoisinants comme Sidi Abdelaziz Tebbâa ou celui de Sidi Abdellah El Ghazouani "Moul Laksour". Il défiait la solitude, la pauvreté et le protectorat français . Dans son quartier" Al Mouassine" et malgré son niveau scolaire très modeste, il ne trouvait aucune difficulté pour s'introduire dans le cercle des hommes de lettrés[1]. Son don d'artiste lui a donné de grandes opportunités et a suscité les réactions des grands bienfaiteurs Marrarkchi. Il était aussi inspiré par la poésie du galeriste Rachid Chraibi et le poète marocainMohamed Loakira.
Caractéristiques des œuvres artistiques
Les œuvres artistiques de Aziz Abou Ali dégagent une grande tristesse et beaucoup de souffrance[7]. Il a développé un air de style expressionniste à la suite de son passage par Institut national des beaux-arts de Tétouan. Il a eu la chance d'être encadré par son directeur, l'artiste, Mariano Bertuchi[8]. L'encadrement pédagogique de cette institution lui a donné la possibilité d'approfondir ses connaissances artistiques, de forger sa manière de faire et de développer sa finesse artistique. Il a eu l'occasion de côtoyer les artistes étrangers installés au Maroc, comme Majorelle[9].
Aziz Abou Ali exorcisait sa souffrance, son mal de vivre par l'expression artistique. L'art était le seul moyen pour battre et vaincre les esprits qui le hantait. Avec des autoportraits défigurés il meuble sa profonde solitude[8],[10].
Aziz Abou Ali maître de la gravure
Il était le maître de la gravure, au Maroc, en Afrique et dans le monde arabe. Les critiques d'art le nommaient, le graveur de la solitude. La solitude de l'âme, du corps[5] La douleur était si apparente sur toutes ses œuvres[1].
À Madrid, Aziz Abu Ali devient un graveur très apprécié, travaillant avec les artistes espagnols les plus célèbres tels que Juan Miro. Sa sculpture en marbre a remporté le Prix d'État espagnol en 1973[11]. Un prix auquel ont participé plusieurs artistes arabes comme l'artiste soudanaisRashid Diab et le sculpteur jordanien Samer Al-Tabbaa[12].
Prix et Distinctions
1968, il décroche la médaille d’argent à Ségovie[10].
1986, il a reçu le 2ème prix de la biennale internationale des arts graphiques à Trieste - Séville.
1971, il est médaillé d’argent du meilleur graveur
↑ a et bMoulim El Aroussi, Les tendances de la peinture contemporaine marocaine, Casablanca, Publiday- Multidia 2002, , 206 p. (ISBN9981-1718-5-9), p. 9
↑ a et bAziz Abou Ali. Le graveur de la solitude - Rachid Chraïbi (lire en ligne)