Augustin Guillaume naît à Guillestre, où son père était médecin de campagne. Dès son enfance, il est habitué aux randonnées en montagne. Il franchira ainsi souvent la frontière italienne et il apprend l'italien qu'il parle sans accent, ce qui lui sera utile durant la campagne d'Italie[2].
Formation
En 1913, il est admis à Saint-Cyr comme élève officier, promotion 1913-1914 « de la Croix du Drapeau »[3].
Carrière militaire
Première Guerre mondiale
Mobilisé en août 1914, il est sous-lieutenant au 16e bataillon de chasseurs à pied. Capturé le 11 novembre, il reste prisonnier de guerre pendant quatre ans malgré trois tentatives d'évasion. Pendant cette détention, il apprend le russe et l'arabe[3].
Il achève sa scolarité à Saint-Cyr et, promu capitaine, est ensuite affecté au bureau des affaires indigènes de Meknès au Maroc en septembre 1919. En 1921, il devient chef de poste en pays berbère[3].
Il quitte pour quatre ans le Maroc, en mars 1924, période durant laquelle il est nommé adjoint de l'attaché militaire en Serbie puis entre 1926 et 1928, élève de l'École supérieure de guerre[5].
De retour au Maroc fin 1928, il devient chef d'état-major du groupe mobile de pacification de l'Atlas Central. Promu chef de bataillon en 1933, il est nommé commandant du cercle d'Azilal puis en 1936, il rejoint l'état-major du général Noguès, résident général au Maroc[6].
Il démissionne de ses fonctions le 28 février 1956 pour marquer sa désapprobation de la gestion gouvernementale des opérations en Afrique du Nord et est rayé des cadres d'activité sur sa demande[10].
Le , il est décoré de la médaille militaire, la plus haute distinction pour un général[10].
Dernières années
II se retire à Guillestre, dans sa ville natale, dont il est maire de 1959 à 1971.
Il meurt dans cette même ville le .
Activités civiles
Il est président de l'association Rhin et Danube et membre de l'Académie delphinale.
Hommages
Des généraux alliés
« C'est pour moi un plaisir tout particulier de vous féliciter des succès remarquables remportés sous votre commandement car, en saluant les Goums, je salue la renaissance de la France. »
Les élèves officiers entrés en 1990 à Saint-Cyr ont choisi de l'honorer en baptisant leur promotion Général-Guillaume.
Quartier Général Guillaume
En 1984, quelques mois après le décès du général Guillaume, la caserne nouvellement construite à Gap (Hautes-Alpes), prend le nom de « Quartier Général Guillaume ». Elle abrite depuis lors le 4e régiment de chasseurs.
Iconographie
Le musée départemental des Hautes-Alpes, à Gap, conserve le portrait du général Guillaume, œuvre du peintre Jean-Denis Maillart.
« Chef tenace et manœuvrier hardi. Après s'être illustré en Italie à la tête des Goums marocains a été appelé en pleine bataille de France au commandement de la 3e DIA. A conduit cette magnifique grande unité dans un combat inlassable, mais toujours victorieux. A rompu le dispositif adverse dans les Vosges, a arrêté à Kilstett l'un des derniers assauts ennemis sur Strasbourg puis s'est attaqué à Oberhoffen et s'est emparé de Lauterbourg. Est entré le premier en territoire allemand dans des conditions particulièrement difficiles et audacieuses en s'attaquant à la ligne Siegfried et en capturant de très nombreux prisonniers et un important butin. A été ensuite l'un des meilleurs artisans de l'exploitation hardie qui a conduit l'armée française du Rhin au Tyrol. Blessé, a refusé de se laisser évacuer. »
— Citation à l'ordre de l'armée, décision no 161, JO du 17 décembre 1944.
« Commandant les Goums marocains qu'il a organisés et instruits après la campagne de Tunisie en vue des opérations en Europe, en a fait un instrument de guerre efficace pendant l'hiver 43-44 au cours des durs combats menés par le CEF en Italie. Placé pour les opérations de mai 1944 dans le cadre du corps de montagne dont il a commandé le plus important groupement, a pris dans les résultats obtenus une part prépondérante par ses manœuvres audacieuses et habilement conduites, enlevant avec une rapidité foudroyante tous ses objectifs et montagnes comme Petralla, Rivole, Appolo, Rotondo, Lepone ou localités comme : Amaseno, San-Stephano, San-Giulliano. Animant sans cesse ses goums par son action personnelle, son ardeur, son énergie, a obtenu d'eux des efforts surhumains au cours des marches et des combats, où au prix de sacrifices sévères, ils ont infligé des pertes considérables à l'ennemi et fait près de mille prisonniers. Officier général de haute valeur, titulaire de magnifiques états de services témoignant de l'ardeur et de la foi qui animent le général Guillaume dans La lutte contre l'ennemi. »
— Citation à l'ordre de l'armée accompagnant la promotion au grade de commandeur de la Légion d’honneur, décret du 9 novembre 1944, JO du 19 novembre 1944.
« Chef tenace et manœuvrier hardi. Après s'être illustré en Italie à la tête des Goums marocains a été appelé en pleine bataille de France au commandement de la 3e DIA. A conduit cette magnifique grande unité dans un combat inlassable, mais toujours victorieux. A rompu le dispositif adverse dans les Vosges, a arrêté à Kilstett l'un des derniers assauts ennemis sur Strasbourg puis s'est attaqué à Oberhoffen et s'est emparé de Lauterbourg. Est entré le premier en territoire allemand dans des conditions particulièrement difficiles et audacieuses en s'attaquant à la ligne Siegfried et en capturant de très nombreux prisonniers et un important butin. A été ensuite l'un des meilleurs artisans de l'exploitation hardie qui a conduit l'armée française du Rhin au Tyrol. Blessé, a refusé de se laisser évacuer. »
— Citation à l'ordre de l'armée accompagnant l'élevation à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur. Décret du 10 mai 1945, JO du 24 juin 1945.
Citations américaines
« Pour mérites exceptionnels dans l’accomplissement de services éminents au profit des forces alliées entre le 2 février et le 30 juin 1943, en sa qualité de directeur des affaires politiques du protectorat français du Maroc. Le général Guillaume, a préparé les Goums marocains pour la lutte en Tunisie, où ils obtinrent de grands succès avec le peu de matériel et d'équipement dont ils disposaient. Par ses dispositions, ses ordres et l'exemple qu'il a donné, il a dirigé une œuvre d'importance
essentielle, en mobilisant les ressources du Maroc français pour la poursuite de la Guerre et en favorisant par son action personnelle le maintien de relations cordiales entre les services américains et la direction des affaires politiques sur toute l'étendue du Maroc Français. »
— Citation à l'ordre de la Légion du mérite, grade de commandeur. Signé : Franklin Roosevelt, le 9 mars 1944.
« Augustin Guillaume, général de division, 1re armée française pour services éminents rendus dans la bataille du
15 au 25 mars 1945 en France et en Allemagne. Comme commandant la 3e division d’infanterie algérienne le général Guillaume a collaboré avec les forces américaines du 6e corps à l’assaut de la ligne Siegfried en Basse-Alsace. Le 15 mars fut lancée la dernière offensive alliée en vue de chasser les Allemands de France. Le général Guillaume, agissant sous les ordres du 6e corps, reçut le secteur bordent la Moder, immédiatement à l'Ouest du Rhin. Il se heurta sur toute l'étendue de son front à une farouche résistance, constituée de points forts solidement retranchés et s'appuyant entre eux. Le camp d'Oberhoffen, clef de toute la ligne de défense de la Moder, fut défendu avec un acharnement particulier. Le général Guillaume, par une série d’attaques bien coordonnées et bien réglées, emporta ce point stratégique, tout en infligeant à l'ennemi de lourdes pertes en personnel et en matériel. Il exploita rapidement cette percée et, à l'issue du troisième jour, ses forces avaient occupé Drusenheim, Sessenheim et Soufflenheim. Bien qu'ayant subi des pertes relativement lourdes, il pousse hardiment en avant les éléments blindés qui lui étaient rattachée et le 18 mars, il s'emparait de Salmbach et de Lauterbach et franchissait la frontière allemande. L'énergie, les qualités tactiques et le sentiment du devoir montrés par ce chef furent une part déterminante du succès de l'opération. »
— Attribution de la Bronze Star au général de division Augustin Guillaume commandant la 3e division d'infanterie algérienne, le 16 juillet 1945.
Publications
Diverses études militaires
Un essai d'actualité : Pourquoi l'Armée rouge a vaincu (1948)
Ouvrages d'histoire générale et locale :
Les Berbères marocains et la PACIFICATION de l'ATLAS CENTRAL (1912-1932) (1946)
La Guerre germano-soviétique (1941-1945) (1949)
Guillestre mon pays, histoire d'un bourg haut-alpin (1963)
Annibal franchit les Alpes (1967)
Le Queyras, splendeurs et calvaire d'une haute vallée alpine (1968)
Un recueil de souvenirs intitulé Homme de guerre (1977)
Sources biographiques
Articles
Jean Saulay, « Hommage au général Augustin Guillaume. 1895-1983 », La Koumia, no 92, (lire en ligne).
Ouvrages
Michel Wattel et Béatrice Wattel (préf. André Damien), Les Grand’Croix de la Légion d’honneur : De 1805 à nos jours, titulaires français et étrangers, Paris, Archives et Culture, , 701 p. (ISBN978-2-35077-135-9).
François de Lannoy et Max Schiavon, Les généraux français de la Victoire 1942-1945, Paris, E-T-A-I, , 192 p. (ISBN979-1028301484).
Paul Gaujac, Les goums marocains 1941-1945, l'Esprit du temps, 2021.
Augustin Guillaume, Homme de guerre, France-Empire, 1977.