La nouvelle évoque le combat singulier entre un humain et un extraterrestre dans une arène aussi étrangère à l'un qu'à l'autre. Seul survivra le peuple du vainqueur.
Personnages
Carson : combattant humain ;
L'Externe : combattant extraterrestre ;
La Voix : l'intelligence supérieure.
Résumé
Au-delà du système solaire, la flotte spatiale terrienne s'apprête à combattre l'armada des Externes, des envahisseurs venus d'un autre monde. Personne ne sait à quoi ils ressemblent mais leur puissance militaire semble comparable à celle des humains, leurs vaisseaux paraissant plus manœuvrables bien que moins armés. Dans l'un des engins appartenant à une unité d'éclaireurs terriens, le lieutenant Carson attend l'ordre d'ouvrir le feu sur l'ennemi.
Au moment où il va déclencher son tir, il se retrouve nu dans un lieu inconnu dont le sol est couvert de pierres et de sable bleus, où poussent quelques buissons bleus à l'abri desquels vivent des lézards bleus. Le « ciel » paraît constitué d'un dôme qui délimite un espace circulaire. Le dôme est invisible mais infranchissable, tout comme la cloison qui sépare en deux cet espace. De l'autre côté, une sphère rouge d'à peine un mètre de diamètre est munie de petits tentacules terminés par des pinces munies de griffes : Carson devine qu'il s'agit d'un Externe.
L'humain entend une voix intérieure lui expliquer qu'en tant que représentation immatérielle d'une intelligence supérieure, elle a décidé d'intervenir en interrompant le cours de la gigantesque conflagration qui aboutirait inéluctablement à l'anéantissement des deux peuples car le vainqueur serait si affaibli qu'il disparaîtrait à terme. La mystérieuse entité a donc organisé un combat singulier opposant deux champions, humain et Externe, dans une « arène » constituant un milieu aussi étranger à l'un qu'à l'autre. Seul survivra le peuple du vainqueur. La voix précise que le temps réel s'arrête pendant le combat mais, ajoute-t-elle, la force physique ne suffira pas pour l'emporter.
Une fois les combattants livrés à eux-mêmes, Carson tente de parlementer pacifiquement avec la sphère, mais celle-ci projette des pensées télépathiques d'une telle violence que l'humain est pris de nausée. Les adversaires cherchent à entamer un combat au corps à corps mais la barrière les en empêche. Ils en sont pour le moment réduits à se lancer des pierres qui, elles, traversent curieusement l'obstacle. L'un de ces projectiles blesse Carson à la jambe, et l'humain se met prudemment hors de portée. Par frustration, l'Externe arrache cruellement les pattes d'un petit lézard bleu, puis jette l'animal sur la barrière. Le corps du lézard traverse alors la cloison ; un instant surpris, les deux combattants s'aperçoivent vite que le mur invisible demeure pourtant dressé. Carson en conclut que la barrière bloque le passage de toute matière organique vivante.
Le temps presse car la sphère construit une catapulte de fortune avec des branchages tandis que la blessure de l'humain s'aggrave. Ce dernier, tenaillé par la soif, sent ses forces faiblir. Il arrive toutefois, en atteignant la catapulte avec une pierre reliée à des branchages enflammés, à détruire l'engin construit par la sphère. De façon inattendue, un autre petit lézard le prie oralement d'achever son congénère martyrisé par l'Externe, geste que le Terrien exécute par pitié. Constatant que le reptile utilisé comme projectile avait franchi la barrière alors qu'il vivait encore, Carson déduit que le champ de force constitue uniquement un obstacle psychique, créé par la pensée d'un être conscient. L'humain tente alors le tout pour le tout : il se juche sur un monticule à proximité de la barrière mentale, puis s'assomme volontairement à l'aide d'une pierre. En tombant évanoui, il parvient à rouler en territoire ennemi et à s'approcher de la sphère. Carson revient à lui juste à temps pour affronter l'Externe lors d'un sanglant corps à corps, son poignard en pierre ripostant aux coups de griffe de la sphère. Au bout de quelques minutes, l'Externe, mortellement blessé, s'immobilise.
Carson se retrouve brusquement aux commandes de son vaisseau, où il reçoit une communication du capitaine Brander qui lui enjoint de regagner le vaisseau-mère Magellan. Le Terrien se demande s'il n'a pas rêvé avant de découvrir sur son corps les blessures causées par la sphère, entièrement cicatrisées. À bord du Magellan, Carson apprend par l'intermédiaire de son supérieur hiérarchique que la flotte des Externes a subitement disparue, totalement désintégrée. Conscient qu'il ne pourra jamais évoquer son expérience dans l'arène sous peine de passer pour le pire affabulateur de la galaxie, il ne peut qu'opiner en grimaçant lorsque le capitaine Brander lui fait remarquer qu'il a raté tout le spectacle.
Commentaires et analyse
Lors de sa parution, Arena reçoit un accueil très favorable de la critique : elle est considérée comme l’œuvre la plus aboutie de Brown, bien qu'il lui soit parfois reprochée une représentation trop simpliste de l'être supérieur[1]. Au fil de son évolution, ce dernier est devenu une représentation mentale sans enveloppe matérielle, mais cette évolution est pacifique, au contraire de celle de l'Externe[2].
L'Externe, tout à l'opposé, est horrifiant pour Carson car il n'a aucun point commun avec lui, physique ou moral, et son existence même lui paraît inconcevable. Ses pouvoirs télépathiques se traduisent en images dans le cerveau de Carson, artifice qui permet à Brown de contourner la barrière de la langue entre les deux êtres[3].
L'histoire d'Arena a inspiré l'épisode homonyme dans la série Star Trek dans lequel le capitaine Kirk affronte un extraterrestre en combat singulier[4], même si les deux récits diffèrent profondément. Rires et jeux, dans la série Au-delà du réel, s'inspire de la même source[5].
Éditions en français
Fredric Brown (trad. de l'anglais par Jean Sendy), Lune de miel en enfer, Denoël, coll. « Présence du futur » (no 75), , 248 p. (plusieurs rééditions).
↑(en) Don D'Ammassa, Encyclopedia of Science Fiction, Infobase Learning, , 538 p. (lire en ligne).
↑(en) Mark Clark, Star Trek FAQ : Everything Left to Know About the First Voyages of the Starship Enterprise, Applause Theatre & Cinema, , 412 p. (ISBN978-1-55783-963-3, présentation en ligne).