L'expression « art primitif » est devenue nettement péjorative en étant associée au colonialisme, à la différence de son usage pour la peinture italienne ou flamande, et son emploi dans un contexte « extra-occidental » est depuis quelques années tombé en désuétude au profit d' « art premier ». Mais cette expression plus valorisante reste controversée dans la mesure où elle traduirait aussi une conception évolutionniste et ethnocentriste des sociétés humaines [2]: les sociétés occidentales produiraient un « art abouti » s'opposant aux « arts premiers », qui seraient l'œuvre des peuples restés proches d'un état archaïque de l'humanité. De plus, les formes majeures d'art premier (en Afrique ou en Océanie, par exemple) se distinguent nettement de formes d'art beaucoup plus anciennes (art préhistorique ou art néolithique). Du point de vue chronologique, l'expression est donc aussi contestable.
L'art primitif désignait à l'origine l'art étranger, l'art des fous et celui des enfants[3].
Si cette vision est largement remise en cause aujourd'hui, les expressions subsistent notamment dans les pays anglo-saxons. L'appellation « Musée des arts premiers », initialement envisagée, a été abandonnée pour désigner le Musée du quai Branly.
Les expressions « art sauvage », « art tribal », « art ethnographique », « art traditionnel » ou « art archaïque » sont également utilisées, sans être entièrement satisfaisantes non plus. Félix Fénéon, en 1920, avait proposé « arts lointains » (voir bibliogr.). L'expression « art ethnique » est utilisée pour souligner la relation particulière entre certaines formes d'art et leur origine ethnique. On parle alors d'art fang du Gabon, d'art dogon ou de masques baoulés pour désigner l'origine ethnique de ces traditions artistiques. Toutefois l'expression « art ethnique » est moins répandue que « musique ethnique ».
Par ailleurs, certains auteurs[4] parlent de « faux primitif » ou d'« art touristique » pour souligner l'exploitation et les récupérations commerciales ou touristiques dont ces formes d'art sont parfois l'objet.
Domaines
collectivité :
totem
maison commune, maison de réunion, maison des hommes
locaux et objets de confréries, sociétés masculines
(fr) Benoît de L'Estoile, Le goût des autres : de l'Exposition coloniale aux arts premiers, Paris, 2007 (ISBN978-2-0812-4024-7).
(fr) Aminata Traoré, Ainsi nos œuvres d’art ont droit de cité là où nous sommes, dans l’ensemble, interdits de séjour [Lettre ouverte], Paris, (en ligne).
(fr) Julien Guilhem, Art primitif ou patrimoine culturel ? Le Musée du quai Branly en question, dans Ethnologies comparées. Revue électronique semestrielle, 1. Frontières..., Montpellier, 2000 (ISSN1630-7739) (en ligne).
(en) Denis Dutton, Tribal Art, dans Encyclopaedia of Aesthetics, dir. par Michael Kelly, New York, 1998 (ISBN978-0-19-511307-5) (en ligne).
(fr) Claude Roy, L'art à la source. I, Arts premiers, arts sauvages Paris, 1992 (Folio. Essais, 207) (ISBN2-07-032732-9).
(en + fr) Sally Price, Arts primitifs, regards civilisés, Paris, 1995 (ISBN2-84056-219-7) ; trad. de Primitive Art in Civilized Places, Chicago (IL), 1989 (ISBN0-226-68064-9).
(en) Primitive Art and Society [Symposium, Burg Wartenstein, 27 June to 5 July 1967], sous la dir. de Anthony Forge, Londres et New York, 1973 (ISBN0-19-212953-8).
(fr) Claude Lévi-Strauss, Le dédoublement de la représentation dans les arts de l'Asie et de l'Amérique [1945], dans Anthropologie structurale [XIII], Paris, 1958 (ISBN2-259-18543-6).
(en + fr) Meyer Schapiro, Style, artiste et société, Paris, 1982 (ISBN2-07-071819-0) ; trad. d'articles aussi réunis dans Selected Papers IV. Theory and Philosophy of Art : Style, Artist, and Society [c. 1932-1968], New York, 1994 (ISBN0-8076-1356-8).
(fr) Jean Guiart, L'art premier (317-329) dans Agir à contre-emploi (Chronique d'une vie en zigzags), Le Rocher à la Voile, Nouméa et Pape'ete 2013,
(en + fr) Franz Boas, L'art primitif, Paris, 2003 (ISBN2-8766-0354-3) ; trad. de Primitive Art, Oslo et Cambridge (MA), 1927 (Instituttet for sammenlignende kulturforskning. ser. B: Skrifter, VIII) (ISBN0-486-20025-6) (partiellement en ligne).
↑cf. Larry Shiner, ‘Primitive Fakes’, ‘Tourist Art’, and the Ideology of Authenticity, dans Journal of Aesthetics and Art Criticism, 52.2, été 1994, p. 225-234 (ISSN0021-8529).