L’arsanilate de sodium, p-phényl-arsinate monosodique, est un composé de l’arsenic employé comme médicament, commercialisé sous les noms d'Atoxyl et de Trypoxyl pendant quelques années, au tournant du XIXe et du XXe siècle.
Cette activité est cependant peu prononcée, et la dose nécessaire est beaucoup trop élevée pour que les effets toxiques ne dépassent largement les bénéfices. L’atoxyl provoque en effet fréquemment la cécité par atteinte du nerf optique, et son usage est très vite abandonné[5].
Les prolongements
Cependant, la découverte de l'activité de l’Atoxyl sur le trypanosome attire l’attention du bactériologiste allemand Paul Ehrlich, qui réussit à élucider sa structure chimique et à synthétiser une série de dérivés, susceptibles d'être testés. Il démontre l'utilité de ces organo-arsenicaux dans le traitement des tréponématoses et des trypanosomiases[6].
Quoique très vite abandonné à son tour car trop toxique encore, le Salvarsan, directement issu de l'atoxyl de Béchamp, constitue donc une étape essentielle dans le développement, non pas seulement de la chimie des arsenicaux thérapeutiques, mais de celle des médicaments de synthèse en général. Il est souvent considéré comme le premier agent chimiothérapeutique moderne et Ehrlich, comme le créateur du concept moderne et du terme de « chimiothérapie »[6].
Bibliographie
(en) Aaron J. Ihde, The Development of Modern Chemistry, New York, Dover Publications, coll. « Dover Books on Chemistry Series », (1re éd. 1964, Harpercollins), 880 p. (ISBN978-0-486-64235-2, OCLC8827750, lire en ligne), p. 697-698.
(en) Steven Riethmiller, « From Atoxyl to Salvarsan : Searching for the Magic Bullet », Chemotherapy, vol. 51, no 5, , p. 234-242 (ISSN0009-3157).
↑(en) Harold W. Thomas et Anton Breinl, « Report on Tripanosomes, Trypanosomiasis and Sleeping Sickness », Memories of Liverpool School of Tropical Medicine, vol. 16, , p. 1-95.
↑(en) Anton Breinl et John W. Garrett, « Pathological Report on the Histology of Sleeping Sickness and Trypanosomiasis, with a Comparison of the Changes Found in Animals Infected with T. Gambiense and Other Trypanosomata », Proceedings of the Royal Society of London, vol. 77, no 516, , p. 233-236 (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Stéphane Gibaud et Gérard Jaouen, « Arsenic-Based Drugs : From Fowler’s Solution to Modern Anticancer Chemotherapy », Topics in Organometallic Chemistry, vol. 32, , p. 1-20 (ISSN1436-6002, résumé).
↑ a et bFrançois Chast, « Les Médicaments », dans Mirko D. Grmek (dir.), Histoire de la pensée médicale en Occident, vol.3 : Du romantisme à la science moderne, Seuil, (ISBN2-02-022141-1), p. 229.