L'armée nationale tchadienne (ANT) est la dénomination de l'armée gouvernementale du Tchad, fondée en 1960 à la suite de l'indépendance du pays vis-à-vis de la France, et nommée auparavant forces armées tchadiennes (FAT) puis forces armées nationales tchadiennes (FANT) en 1982[2].
D'un poids politique et économique très important quasiment dès l'indépendance, l'armée a un budget qui pèse toujours en 2020 entre 30 et 40 % pour cent du budget national, soit 3,1 % du PNB, avec un nombre de soldats par habitant très élevé, faisant du Tchad un des pays les plus militarisés d’Afrique[2].
A la faveur des coups d’Etat et des changements de régime, différentes communautés comme les Sara, les Gorane et aujourd’hui les Zaghawa y ont successivement exercé une domination en contrôlant une majorité des postes à responsabilité[2].
Après l’indépendance, l’embryon de la première armée tchadienne qui naît en 1961 se compose de soldats issus de l’armée coloniale et de jeunes formés à l’Ecole indigène d’enfants de troupes de Brazzaville. Ce sont essentiellement les habitants du Sud, plus développé et plus scolarisé, qui en font partie. Les recrutements massifs lancés à partir de 1964 ne parviendront pas à redresser ce déséquilibre, renforcé ensuite par les politiques parfois tribalistes du premier président François Tombalbaye[2].
A la fin de la deuxième guerre civile en 1982, la nouvelle armée, devenue « force armée nationale tchadienne » (FANT), devient une armée composite où cohabitent militaires de carrière, anciens combattants du Frolinat et rebelles intégrés dans les vagues successives de réintégration des combattants[2]
La restructuration de l'armée est une priorité absolue d'Idriss Déby à son arrivée au pouvoir en 1990[2]. Les autorités élaborent un important programme de désarmement, démobilisation et réinsertion dans la vie civile avec une double ambition : maîtriser les dépenses militaires et, surtout, (re)professionnaliser l’armée. Une combinaison de déflations et de départs à la retraite, de réduire les effectifs de l’armée de moitié[2].
Néanmoins, les proches du président, pour beaucoup d'ethnie zaghawa, refusent une meilleure répartition régionale et ethnique des postes de commandement ainsi que l’intégration de la garde républicaine dans l’armée nationale[2].
Malgré plusieurs tentatives de réformes destinées à réduire la taille de l’armée et à favoriser le brassage ethnique, celle-ci demeure structurée sur des bases communautaires et minée par des problèmes de cohésion[2]. L'armée reste organisée sur des bases ethniques et claniques, notamment pour sa partie élitiste, la Direction générale de service de sécurité des institutions de l'État (DGSSIE)[2].
Marielle Debos, Des combattants entre deux guerres : sociologie politique du métier des armes au Tchad, Institut d'études politiques de Paris, 2009, 474 p. (thèse de doctorat de Science politique).
Mahamat Saleh Yacoub et Ahmat Gali (maquette et réalisation), Tchad : des rebelles aux seigneurs de guerre : la désagrégation de l'armée nationale, N'Djaména, Tchad, Editions Al-Mouna, , 223 p. (ISBN978-2-915815-02-3).