L’armée du Nord-Ouest (en russe : Се́веро-За́падная а́рмия) est une unité des armées blanches durant la guerre civile russe. Formée en juillet 1919 à partir du corps d’armée du nord (créé avec le soutien de l’empire allemand) et d’autres troupes anti-bolchéviques actives dans le gouvernement de Pskov, en Estonie et en Lettonie. Elle cesse d’exister le 22 janvier 1920.
Historique
Offensive du printemps sur Petrograd
L’offensive du printemps du corps d’armée du nord[1] (fort de 5 500 hommes face à vingt mille homme côté rouge) en direction de Petrograd débute le . Les forces blanches parviennent à forcer la ligne de front tenue par la 7e armée bolchévique vers Narva et en contournant Jamburg contraignent les rouges à se replier. Le 15 mai Gdov est libéré, le 17 mai Jamburg tombe et le 25 - Pskov.
Le général d’infanterie Nikolaï Ioudenitch, dont l’engagement sur le front du Caucase pendant la Première Guerre mondiale assurait l’autorité, fut confirmé, le 5 juin 1919, par l’amiral Koltchak au rang de commandant en chef de toutes les unités terrestres et maritimes russes opérant contre les bolchéviques sur le front du Nord-Ouest. Début juin, les forces blanches approchaient Louga, Ropcha et Gatchina, menaçant Petrograd. Les rouges mobilisent alors leurs réserves et alignent 40 000 hommes face à l’armée du Nord-Ouest, soutenue par deux divisions estoniennes. Le 1er août, les bolchéviques lancent une contre-attaque et repoussent les troupes estoniennes qui rechignent à combattre. Le 5 août, Jamburg tombe. Au prix de lourds combats, les rouges refoulent les faibles effectifs de l’armée du Nord-Ouest au-delà du fleuve Louga et capturent Pskov le 28 août.
Soutien des alliés
L’aide des pays de l’entente, principalement du Royaume-Uni, à l’armée du Nord-Ouest de Ioudenitch s’avère en réalité plus mince que promise. La Grande-Bretagne s’appliqua en particulier à rendre la fourniture de matériel militaire par l’Allemagne difficile. Le gouvernement de l’amiral Koltchak avait octroyé à la mi-juin un million de francs au général Ioudenitch pour l’équipement de ses hommes et celui-ci commanda 60 000 uniformes en Allemagne mais la transaction fut interdite par l’Angleterre. Les forces blanches de Lettonie venues rejoindre l’armée du Nord-Ouest (par exemple la division Lieven) étaient équipées et armées par l’Allemagne, l’armée estonienne était elle équipée et armée par la Grande-Bretagne. L’armée du Nord-Ouest, impliquée dans des combats de mai à août, ne bénéficia par d’un tel soutien massif. L’équipement des hommes était improvisé, les munitions manquaient cruellement et les salaires ne pouvaient être versés régulièrement, minant le moral des troupes. Certains réclament alors de suivre une ligne germanophile.
Fin juillet, les Anglais commencent à fournir les livraisons promises. Un premier navire arrive à Reval le 31 juillet, l’armée du Nord-Ouest obtient des blindés, des armes et de l’équipement.
Le , l’armée du Nord-Ouest (forte de 13 000 hommes face à 25 000 côté rouge) força la ligne de front vers Jamburg et s’empare le de Louga et Gatchina, le Tsarskoïe Selo est aux mains des troupes blanches qui sont alors aux portes de Petrograd. Elles capturent les collines de Poulkovo et le flanc gauche pénètre dans Ligovo. Des éclaireurs se livrent à des escarmouches jusque dans les usines Ijorski. Mais le manque de forces et de moyens propres, le soutien défaillant de l’Estonie[2], la désobéissance de Bermont-Avalov, la passivité de la flotte anglaise ainsi que la supériorité numérique rouge ne permettent pas de prendre Petrograd. Après dix jours de combats acharnés avec les rouges (dont les effectifs étaient passés à 60 000 hommes) l’armée du Nord-Ouest entame sa retraite le et se replie en combattant vers l’Estonie, dans la région de Narva.
Dissolution
En Estonie, 15 000 soldats et officiers de l’armée du Nord-Ouest furent désarmés, cinq mille d’entre eux furent de plus internés dans des camps. Le général Ioudenitch fut arrêté par les hommes de Bułak-Bałachowicz, avec le consentement tacite des autorités estoniennes, avant d’être relâché à la suite de l’intervention du commandement de l’escadre anglaise mouillant à Reval.
Le , par décret de Ioudenitch, l’armée du Nord-Ouest cessa d’exister.
L’armée du Nord-Ouest portait des uniformes d’origines allemande et anglaise avec des signes distinctifs russes impériaux. Sur le bras les hommes portaient un chevron tricolore blanc-bleu-rouge, pointant vers le haut, surmontant une croix grecque blanche.