L’arbre du voyageur ou ravenale ou ravinala (Ravenala madagascariensis) est une espèce de plantes tropicales de la famille des Strelitziaceae, originaire de Madagascar. On considérait classiquement que le genreRavenala était monospécifique, avec donc une seule espèce (Ravenala madagascariensis), mais des recherches à Madagascar ont montré en 2021 que cinq autres espèces existaient[2]:
Ravinala, nom malgache de l'arbre, signifie "feuille de la forêt".
Sa sève abondante est potable et facile à extraire d'un coup de machette[3],[4], ce qui lui a valu son nom vernaculaire d'arbre du voyageur dans les langues occidentales, puisqu'il permet de désaltérer le voyageur.
Description
Originaire de Madagascar, l'arbre du voyageur fait partie de la famille des strelitziacées. Ce n'est pas un arbre (au sens botanique du terme), mais une plante herbacée au stipe lacunaire, ce qui le fait parfois ressembler à un palmier. De par sa forme et sa taille, il se repère de loin. Adulte, le stipe mesure environ dix mètres de hauteur, ce qui porte sa hauteur totale à environ 20 m. Le botaniste Philibert Commerson le décrit lors de son séjour à Madagascar en 1779-1780.
Ses vastes feuilles sont disposées en éventail, dans un même plan. Leur base en forme de coupe retient l'eau de pluie dans laquelle de nombreux moustiques viennent pondre. À Madagascar, ces réservoirs d'eau hébergent des espèces très originales qui sont inféodées à ce micro-habitat (batraciens, coléoptères et moustiques)[5]. Le pétiole est plus long que le limbe.
Les fruits sont des capsules à 6 loges, ressemblant à des bananes ligneuses, contenant de nombreuses graines entourées de fibres d'un bleu saphir intense qui attirent les oiseaux.
Nom
Une légende erronée voulait que son nom d'« arbre du voyageur » provienne de ce que l'eau de pluie, qui s'accumule dans les cavités à la base de ses feuilles, permettait aux voyageurs de se désaltérer. Mais cette eau, où macèrent feuilles et insectes morts aux températures tropicales, est impropre à la boisson. A la fin du XIXe siècle, les voyageurs et botanistes de terrain considéraient cette motivation lexicale comme fantaisiste et éclairaient la véritable origine du nom [réf. nécessaire].
« Il est bien connu aujourd’hui que rien ne justifie la réputation faite au Ravenala et la légende qui lui a valu son nom vulgaire. […] La vérité est qu'il croît, non dans les déserts, mais bien dans des sols humides ou à proximité des cours d’eau. […] L’eau contenue au cœur de l'arbre permet de désaltérer le voyageur. En perçant le cœur de l'arbre, de l'eau fraîche en jaillit qui est particulièrement désaltérante. »
— Bulletin de la Société nationale d'acclimatation de France : Revue des sciences naturelles appliquées, 1896.
Écologie
Espèce endémique de Madagascar, le ravenale prédomine sur la façade orientale du pays. C'est une des rares espèces endémiques forestières à survivre dans les formations herbeuses secondaires et dans les fourrés d'exotiques, toujours sur des sols frais et humides.
Il croît de manière très rapide là où les forêts primaires ont été déboisées ou brûlées.
Il s'agit d'une plante envahissante majeure à l'île Maurice où il constitue des fourrés très denses dans les montagnes du sud de l'île.
Utilisations
Sur la côte est de Madagascar, ses différentes parties sont utilisées comme matériaux pour la construction des cases végétales traditionnelles, fraîches et fonctionnelles. Les pétioles fendus, appelés falafa, servent à confectionner des panneaux muraux. Les feuilles une fois séchées, appelées raty, sont utilisées pour la réalisation des couvertures et enfin, du tronc, on tire des planches souples, appelées rapaka, avec lesquelles on fabrique le plancher.
C'est un emblème de Madagascar, stylisé sur les avions de la compagnie aérienne nationale Air Madagascar.
Il fournit une matière grasse comestible[Comment ?], un peu comme l'arbre à beurre des pays tropicaux.
Un coup de machette sur la base du tronc fait couler une sève particulièrement liquide dont le goût est proche de l'eau. Il est possible de récupérer un litre par coup de machette après la saison des pluies, quand l'arbre est gorgé d'eau.
↑Thomas Haevermans, Annette Hladik, Claude-Marcel Hladik, Jacqueline Razanatsoa, Agathe Haevermans, Vololoniaina Jeannoda et Patrick Blanc, « Description of five new species of the Madagascan flagship plant genus Ravenala (Strelitziaceae) », Springer Science and Business Media LLC, vol. 11, no 1, (ISSN2045-2322, DOI10.1038/s41598-021-01161-1)
↑Traité des plantes tropicales, Yves Delanges, Actes Sud