Cet entrepreneur du monde du livre, ainsi que le terme allemand Verleger le précise, véritable financier qui contrôle l'usage du papier de ses moulins à papier jusqu'à la librairie de détail en passant par l'impression ou l'imposition de motifs gravés, s'impose comme le principal éditeur de l'Europe incunable. Il réussit également en directeur d'éditions par la vente d'ouvrages à d'autres imprimeurs. Il installe dans sa ville natale de Nuremberg la première imprimerie moderne juxtaposée à un atelier de gravure en 1470.
Biographie
Anton Koberger est vers 1440[2], dans une famille de boulangers de Nuremberg qui étaient déjà bien établis et fait sa première apparition en 1464 dans le registre des citoyens de Nuremberg. En 1470, il épouse Ursula Ingram, puis, après sa mort, se remarie avec une personnalité de l'aristocratie de Nuremberg, Margarete Holzschuher, en 1491. On lui connait en tout vingt-cinq enfants, dont treize qui atteignent l'âge adulte.
Koberger est le parrain d'Albrecht Dürer, dont la famille vit dans la même rue. L'année qui précède la naissance de Dürer, en 1471, il cesse son activité d'orfèvre pour devenir imprimeur et éditeur. Il devient très vite le plus grand imprimeur d'Allemagne[3], absorbant ses rivaux au fil des années, pour finalement devenir une grande entreprise fructueuse, avec vingt-quatre presses opérationnelles imprimant de nombreuses œuvres simultanément, et employant jusqu'à 100 ouvriers (imprimeurs, compositeurs, créateurs de caractères, enlumineurs etc.)[4].
Améliorant sans cesse ses affaires et déployant son marché, il envoie des colporteurs afin d'établir des relations avec des libraires partout en Europe occidentale, y compris à Venise, qui est alors un autre grand centre d'imprimerie, mais aussi Milan, Paris, Lyon, Vienne et Budapest. En empruntant certainement les mêmes routes tracées par Erhard Etzlaub, les marchands ambulants qui travaillent à son service se déplacent entre les différentes succursales qu'il a ouvertes à Breslau, Cracovie, Vienne, Venise, Milan, Paris et Lyon[5]. Pour s'approvisionner en matière première, il obtient deux papeteries.
En 1493, il publie les Chroniques de Nuremberg, illustrées de bois issus de l'atelier de Michael Wolgemut[6].
Sa maison d'imprimerie ne survit à sa mort que jusqu'en 1526, et sa famille qui ne souhaite pas investir dans les affaires éditoriales continue à œuvrer en tant qu'orfèvres et joaillers.
↑Trouvé aussi dans la documentation contemporaine sous le nom de Koburger, Coberger, Coburger.
↑(ru) « Кобергер, Антон », dans Энциклопедический словарь Брокгауза и Ефрона, vol. XVa : Koala - Concordia, (lire sur Wikisource), p. 494.
↑Giulia Bartrum, Albrecht Dürer and his Legacy, British Museum Press, 2002, p. 94-96, (ISBN0-7141-2633-0)
↑Walter Gebhardt, « Nürnberg macht Druck ! Von der Medienhochburg zum Printzentrum » dans Marion Voigt (ed), Lust auf Bücher. Nürnberg für Leser. Nürnberg., 2005, p. 11-43.
↑Albrecht Dürer. Gravure et Renaissance, Anne-Sophie Pellé, Le rayonnement culturel de Nuremberg en Europe à l'aube de l'année 1500, pp. 31-34
↑Mathieu Deldicque et Caroline Vrand (dir.), Albrecht Dürer. Gravure et Renaissance, In Fine éditions d'art ; Musée Condé, Chantilly, , 288 p. (ISBN978-2-38203-025-7), p. 11
Annexes
Bibliographie
Lucien Febvre, Henri-Jean Martin, L'apparition du livre, Albin Michel, 1958, p. 215.
Mathieu Deldicque et Caroline Vrand (dir.), Albrecht Dürer. Gravure et Renaissance, In Fine éditions d'art et musée Condé, Chantilly, , 288 p. (ISBN978-2-38203-025-7).
(en) Anton Koberger, sur Morse Library, Beloit College : Nuremberg Chronicle (consulté le ), site très riche présentant en détail La Chronique de Nuremberg.