Antoine Pottier naît à Spa le , quatrième des huit enfants d'une famille de négociants[1]. Il étudie au Petit Séminaire de Saint-Trond, avant d'être envoyé par son évêque, Mgr de Montpellier, au Collège Capranica de Rome où il étudie de 1868 à 1875, année où il devient docteur en théologie de l'Université Grégorienne[2]. Ordonné prêtre en 1874, il est chargé dès 1875, sans passer par le vicariat, du cours de philosophie au Petit Séminaire de Saint-Trond puis, à partir de 1876, dirige le Collège Saint-Quirin de Huy. Trois ans plus tard, il est appelé à enseigner la théologie morale au Grand séminaire de Liège, un poste qu'il occupera jusqu'en 1902[2] et dont il devient l'un des éléments les plus célèbres, marquant à la fois ses élèves et ses collègues[1].
Le « pottiérisme » peut se résumer en cinq « remèdes » essentiels que l'abbé Pottier propose face au désarroi de la condition ouvrière : il s'agit d'octroyer un salaire correspondant « aux exigences de la justice » — Antoine Pottier développant la théorie d'un salaire familial — , de mettre en œuvre de l'actionnariat du travail et des contrats collectifs de travail, enfin de développer les coopératives ainsi que de mettre sur pied des syndicats[6].
Carrière romaine
L'influence des milieux conservateurs poussent le Saint-Siège à l'inviter en 1895 de cesser ses activités politiques et sociales pour se consacrer exclusivement à l'enseignement de la théologie[2]. À la suite d'une grave maladie pulmonaire, il doit cesser d'enseigner et part se soigner à Spa puis en Suisse[7].
À la suite du décès de MgrDoutreloux en 1901 et conseillé par son médecin, l'abbé Pottier s'exile alors à Rome dès 1902 où il est nommé par Pie X à la chaire de sciences sociales du Collegio Apostolico Leoniano qui accueille les étudiants n'ayant pas de collège national à Rome[7], poste qu'il occupe de 1905 à 1915[2].
A Rome — où il va mener une activité débordante[8], correspondant notamment avec le sociologue catholique Giuseppe Toniolo[5] —, s'il est introduit à son arrivée dans les milieux antimodernistes, sa pensée sociale, bien qu'elle se veuille en accord avec le Pape, lui vaut de nouvelles accusations de « modernisme social » que ne contredisent pas ses prises de position dans les dernières années de sa vie contre Mussolini ou Maurras[8].
↑ a et bPierre Fontaine, Avant, pendant et après leur professorat au Grand Séminaire de Liège (19e siècle) : dictionnaire bio-bibliographique, Institut historique belge de Rome, (ISBN978-90-74461-23-8, lire en ligne), p. 218
↑ abcde et fPaul Wynants, Le Père Camille-Jean Joset (1912-1992) : Notice biographique publiée à l'occasion du soixantième anniversaire de la fondation de l'Institut Moretus Plantin, Presses universitaires de Namur, , 137 p. (ISBN978-2-87037-678-2, présentation en ligne), p. 14-15
↑Jean-Pierre Delville, « Antoine Pottier (1849-1923) : le « docteur de la démocratie chrétienne » : ses relations internationales jusqu'à son refuge à Rome en 1902 », dans Guy Zelis (éd.), Les intellectuels catholiques en Belgique francophone aux 19e et 20e siècles, Presses universitaires de Louvain, (ISBN9782874631993, lire en ligne), p. 209
↑Jean-Pierre Delville, « Antoine Pottier (1849-1923) : le « docteur de la démocratie chrétienne » : ses relations internationales jusqu'à son refuge à Rome en 1902 », dans Guy Zelis (éd.), Les intellectuels catholiques en Belgique francophone aux 19e et 20e siècles, Presses universitaires de Louvain, (ISBN9782874631993, lire en ligne), p. 210
↑ a et bJean-Pierre Delville, « Antoine Pottier (1849-1923) : le « docteur de la démocratie chrétienne » : ses relations internationales jusqu'à son refuge à Rome en 1902 », dans Guy Zelis (éd.), Les intellectuels catholiques en Belgique francophone aux 19e et 20e siècles, Presses universitaires de Louvain, (ISBN9782874631993, lire en ligne), p. 211
↑Jean-Louis Jadoulle, « Question sociale et politique pontificale. L'itinéraire d'un démocrate chrétien : Antoine Pottier (1849-1923) », Revue belge de philologie et d'histoire, vol. 69, no 2, , p. 308-309 (ISSN0035-0818, DOI10.3406/rbph.1991.3768, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bJean-Louis Jadoulle, « Question sociale et politique pontificale. L'itinéraire d'un démocrate chrétien : Antoine Pottier (1849-1923) », Revue belge de philologie et d'histoire, vol. 69, no 2, , p. 306 (ISSN0035-0818, DOI10.3406/rbph.1991.3768, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bJean-Pierre Delville, « Antoine Pottier (1849-1923) : le « docteur de la démocratie chrétienne » : ses relations internationales jusqu'à son refuge à Rome en 1902 », dans Guy Zelis (éd.), Les intellectuels catholiques en Belgique francophone aux 19e et 20e siècles, Presses universitaires de Louvain, (ISBN9782874631993, lire en ligne), p. 211
↑Jean-Louis Jadoulle, « Question sociale et politique pontificale. L'itinéraire d'un démocrate chrétien : Antoine Pottier (1849-1923) », Revue belge de philologie et d'histoire, vol. 69, no 2, , p. 306-307 (ISSN0035-0818, DOI10.3406/rbph.1991.3768, lire en ligne, consulté le )
↑Emmanuel Gérard et Paul Wynants (dirs.), Histoire du Mouvement Ouvrier Chrétien en Belgique, t. I, Leuven University Press, coll. « Kadoc Studies » (no 16), , p. 75
Bibliographie
Jean-Pierre Delville, « Antoine Pottier (1849-1923), le « docteur de la démocratie chrétienne » : ses relations internationales jusqu'à son refuge à Rome en 1902 », in Luc Courtois, Jean-Pierre Delville, Françoise Rosart (éds.), Les intellectuels catholiques en Belgique francophone aux 19e et 20e siècles, éd. Presses universitaires de Louvain, 2009, p. 209-260, extraits en ligne
Jean-Louis Jadoulle, La pensée de l’abbé Pottier (1849-1923). Contribution à l’histoire de la démocratie chrétienne en Belgique, Recueil de travaux d’histoire et de philologie no 40, édition Université catholique de Louvain, 1991
Jean-Louis Jadoulle, « Question sociale et politique pontificale. L'itinéraire d'un démocrate chrétien : Antoine Pottier (1849-1923) », in Revue belge de philologie et d'histoire, tome 69, fasc. 2, 1991, p. 300-321, article en ligne
Chanoine Cardolle, Monseigneur Pottier (1849-1923). Un précurseur, un docteur, un pionnier social, éd. Mouvement Ouvrier Chrétien, Bruxelles, 1951
« Monseigneur Pottier. Hommage de ses amis liégeois à l’occasion de l’anniversaire de son décès à Rome le », éd. Librairie A. Dewit, 1924