L'actuelle ambassade est installée dans un ancien hôtel particulier situé au nos 34 et 34bis : l’hôtel de La Ferronnays dit également hôtel Schneider. Ce vaste hôtel particulier d'une emprise au sol de 623 mètres carrés, élevé sur un terrain de 1 859 mètres carrés, a été bâti dans la première moitié du XIXe siècle pour Arthur Louis Gibert (1759-1864), agent de change à Paris[3]. En 1865, l'hôtel revient à ses deux filles, Élise Lucie Camille (née en 1822), comtesse Augustin de La Roche Aymon et Guillelmine Marie Lucie (1819-1906), comtesse Adolphe de La Ferronnays, qui lui donne son nom. Dame d'honneur de la « comtesse de Chambord », la comtesse de La Ferronnays a publié ses Mémoires en 1899[4]. « L'hôtel de la comtesse de La Ferronnays, née Gibert, rapporte André de Fouquières, eut une importance en quelque sorte historique : le comte de Paris, avant son exil, était un assidu des brillantes réceptions de Mme de La Ferronnays, et c'est au cours de l'une d'elles que fut projetée l'union entre la princesse Amélie d'Orléans et le duc de Bragance, futur roi de Portugal[5]. Un autre roi qui, lui, avait perdu sa couronne, fut aussi son hôte : Don Carlos VII qui, pendant quatre ans avait été reconnu comme souverain par une partie de l'Espagne, pendant les farouches luttes carlistes. »[6].
L'hôtel est vendu aux banquiers Demachy et Seillière, qui le revendent en 1900 à Eugène II Schneider (1868-1942), grand industriel de la sidérurgie, qui s'y installe avec sa femme née Antoinette de Rafélis Saint-Sauveur (1875-1969), qu'il a épousée en 1898. Il fait transformer — ou reconstruire ? — le vieil hôtel par le célèbre architecte Ernest Sanson, qui crée notamment l'enfilade des pièces de réception. C'est dans cet hôtel qu'a lieu le la signature du contrat de mariage de la fille d'Eugène Schneider, May, avec le duc de Brissac. Sous l'Occupation, Pierre de Cossé-Brissac y mène avec son épouse une vie mondaine, y recevant le Tout-Paris de la collaboration (Arletty, Sacha Guitry, Coco Chanel, Paul Morand, Josée Laval ou encore Pierre Drieu la Rochelle).
Le , la famille Schneider vend l'hôtel pour 14 millions de francs au Brésil, qui y installe la chancellerie de son ambassade à Paris. Au sous-sol et au rez-de-chaussée, l'hôtel est en pierre de taille. Au premier étage, il est bâti en moellons recouverts d'enduit avec entablement de pierre ; le brisis est en ardoise et le terrasson en zinc[7].
↑Mémoires de Mme de La Ferronnays, Paris, Société d'éditions littéraires et artistiques, 1899, in-8, 329 pp.
↑On sait que c'est à la suite de la fête, jugée d'une excessive somptuosité, donnée le à l'hôtel de Matignon, alors propriété de la duchesse de Galliera, pour célébrer ces fiançailles, que fut votée la loi d'exil de , qui contraignit les membres des familles ayant régné sur la France, dont les membres de la maison d'Orléans, à quitter la France jusqu'en 1950.
↑André de Fouquières, Mon Paris et ses Parisiens, vol. 1 : Les Quartiers de l'Étoile, Paris, Pierre Horay, , p. 65-66.