Élevé dans le Kentucky, Alysheba fait monter les enchères jusqu'à 500 000 dollars lors des ventes de yearlings. Confié à l'entraîneur Jack Van Berg, il doit s'y reprendre à trois fois pour remporter son maiden, mais ne tarde pas à s'affirmer au plus haut niveau, en prenant trois places dans les plus prestigieux tournois de fin d'année pour les 2 ans : deuxième du Breeders Futurity et le Hollywood Futurity, troisième du Breeders' Cup Juvenile. De retour à 3 ans, il échoue à deux reprises, jusqu'à ce qu'on lui diagnostique un problème à l'épiglotte. Une intervention chirurgicale plus tard, le poulain est changé, et prêt à réaliser son potentiel, lui qui n'a encore remporté qu'un modeste maiden.
Alysheba dévoile ses ambitions classiques en remportant à la lutte, avec celui qui va devenir son partenaire attitré, Chris McCarron, les Blue Grass Stakes, l'une des préparatoires les plus prisées au Kentucky Derby. Mais il perd sa victoire sur tapis vert pour avoir changé de ligne durant le parcours et se retrouve classé troisième. Qu'à cela ne tienne, il a prouvé qu'il était l'un des prétendants à la victoire du Derby, et il le confirme en s'imposant de trois-quarts de longueur devant Bet Twice. Il retrouve ce dernier pour une revanche dans les Preakness Stakes, et à nouveau il se montre le plus fort. Le voilà en position de devenir le douzième lauréat de la Triple Couronne, et peut-être venger la mémoire de son père Alydar, dauphin si méritant dans les trois épreuves du challenge en 1978, toujours devancé par Affirmed. Mais il y a un défaut dans la cuirasse. Dans le Kentucky Derby et les Preakness Stakes, Alysheba a couru sous Lasix, une substance autorisée dans le Kentucky et le Maryland, censée prévenir les saignements nasaux, mais dont on sait pertinemment qu'elle a un effet sur les performances des chevaux. Or le Lasix est interdit dans l'état de New York où se déroulent les Belmont Stakes, troisième manche de la Triple Couronne. Impossible d'affirmer qu'il y a un rapport de cause à effet tant d'autres facteurs rentrent en ligne de compte (notamment la distance de la course, 2 400 mètres), mais Alysheba échoue nettement, finissant lointain quatrième tandis que Bet Twice, cette fois, s'impose. L'éternel débat sur l'usage du Lasix est relancé[1]. Mais Alysheba va prouver qu'il vaut mieux. Certes il est de nouveau battu par Bet Twice dans le Haskell Invitational et échoue nettement dans les Travers Stakes, mais il renoue avec la victoire dans le Super Derby et surtout s'incline d'un nez en fin d'année face au 4 ans Ferdinand, vainqueur du Kentucky Derby l'année précédente, dans la Breeders' Cup Classic. En fin d'année, il est élu 3 ans de l'année aux dépens de Bet Twice sur la foi de ses deux victoires classiques.
À 4 ans, Alysheba semble meilleur que jamais. Il fait une rentrée victorieuse à Santa Anita dans les Strub Stakes, puis défait Ferdinand à deux reprises, dans le Santa Anita Handicap et le San Bernardino Handicap. Par contre il est inexistant dans le Pimlico Special, qui voit son grand rival Bet Twice triompher. Et doit s'incliner dans la Hollywood Gold Cup, s'intercalant entre Cutlass Reality et Ferdinand. Il s'agit de la dernière défaite de sa carrière. Car jusqu'à la fin de l'année, il empile les victoires. Et commence par prendre sa revanche sur Bet Twice dans le Philip H. Iselin Handicap, puis enchaîne avec les Woodward Stakes, la Meadowlands Cup et enfin parachève son œuvre par une victoire dans la Breeders' Cup Classic aux dépens de Seeking The Gold. Sa brillante saison lui vaut de recevoir le titre suprême de cheval de l'année, et lui garantit une place au Hall of Fame des courses américaines, où il est introduit en 1993, ainsi que la 42e sur la liste des 100 meilleurs chevaux de sport hippique américain du XXe siècle établie en 1999 par le magazine The Blood-Horse[2]. Les Alysheba Stakes, un groupe 2 se disputant à Churchill Downs, lui rend hommage chaque année, et une statue le représentant accueille les visiteurs du Aegon Center de Louisville.
Alysheba prend ses quartiers d'étalon au grand haras Lane's End Farm près de Versailles, dans le Kentucky. Il y reste jusqu'en 1999, lorsqu'il est vendu en Arabie Saoudite pour y poursuivre sa carrière au haras du prince héritier Abdallah Al Saoud. Étalon assez médiocre, on ne lui doit que onze "stakes winners", c'est-à-dire vainqueurs de courses principales. Mais parmi eux il a donné la jument Alywow, cheval de l'année au Canada en 1994, et il est le père de mère de l'Irlandais George Washington (par Danehill), meilleur 3 ans de l'année en Europe en 2006. En 2008, Abdallah Al Saoud, devenu roi, fait don de Alysheba au Kentucky Horse Park's Hall of Champions, pour qu'il y termine ses jours. Il y récupère le box de John Henry, décédé quelques mois plus tôt, juste en face de celui de Cigar. C'est là qu'il s'éteint, en 2009, à 25 ans, euthanasié à la suite d'une chute due à l'ataxie dont il souffrait.
Origines
Alysheba est un fils du champion Alydar, grand et malheureux rival du crack Affirmed, et devenu un étalon de premier plan, tête de liste des étalons américains en 1990, et père d'un autre champion, Easy Goer. Les succès d'Alysheba notamment firent grimper sa cote et son prix de saillie jusqu'à $ 250 000, sans compter les arrangements particuliers de son haras, Calumet Farm.
La mère d'Alysheba, Bel Sheba, ne manquait pas de talent puisqu'il se classa troisième des Adirondack Stakes, un groupe 2 pour 2 ans. Elle se montra bonne poulinière, puisqu'en sus d'Alysheba elle donna sa propre sœur Alysabelle, lauréate des La Canada Stakes (Gr.2), et troisième des Hollywood Oaks (Gr.1) et du Santa Maria Handicap (Gr.1). Bel Sheba était par ailleurs la propre sœur de Wac, mère quant à elle du bon miler et bon étalon Lear Fan (par Roberto), vainqueur d'un Prix Jacques Le Marois, deuxième du Prix du Moulin de Longchamp et troisième des 2000 Guinées.
Pedigree
Origines de Alysheba (USA), mâle bai né en 1984[3]