Aloïs Riedler (né le à Graz ; † à Bad Semmering) est un ingénieur motoriste autrichien. Spécialiste des machines tournantes, il s'opposa à Reuleaux sur l'enseignement de la mécanique en Allemagne.
Biographie
Fils d'un blanchisseur, il étudia de 1866 à 1871 le génie mécanique à l'Université technique de Graz, puis fut quelques années maître-assistant à l’École technique de Brünn et finalement à l’Université technique de Vienne, tout en travaillant à partir de 1875 comme projeteur pour Johann von Radinger(de). Le gouvernement autrichien le chargea d'organiser le département des machines pour les expositions universelles de Philadelphie (1876) et de Paris (1878). Dans les articles et revues de presse, il s'opposait à l'Allemand Reuleaux sur la forme que devait prendre l'enseignement de la mécanique : non pas théorique et fondé sur la cinématique, mais plutôt pratique et formé par la pratique d'atelier : il avait en effet constaté lors des foires internationales, et plus encore à l’Exposition universelle de 1893 à Chicago, qu'en matière de conception, l'industrie américaine florissante se caractérisait par l'empirisme et l'opportunisme.
En 1880, il accepta le poste de professeur surnuméraire de génie mécanique que lui proposait l'université technique de Munich, avant d'obtenir la chaire de mécanique de l'École des Mines d'Aix-la-Chapelle en 1884, grâce à une thèse sur la fabrication d'injecteurs tournants appliquée aux pompes et turbines à vapeur. Dans cet établissement, voué aux applications industrielles, il eut tout loisir de développer ses vues sur l'apprentissage de la mécanique par la pratique.
Entre-temps, ses inventions l'avaient fait connaître du conseiller Althoff, et quatre ans plus tard, à l'instigation des industriels du Brandebourg, il fut appelé à l’École industrielle de Berlin-Charlottenbourg, où il enseigna jusqu'à sa promotion au rang de professeur émérite (1921), et où il fut même recteur en 1899-1900. Il y créa le laboratoire des moteurs, et y imposa l'enseignement du dessin technique, dont il est le véritable promoteur dans le monde germanophone. Ses pompes à haut régime équipaient désormais les stations d'épuration et les mines. Il généralisa l'usage de l'indicatrice pour mesurer le rendement des moteurs en temps réel et fut l'un des premiers à utiliser des diagrammes de Sankey pour représenter les flux d'énergie et les sources de dissipation ; mais il se consacrait désormais surtout à l'automobile.
Avec l'appui de ses collègues Adolf Slaby et Carl von Bach, Riedler milita auprès des autorités allemandes pour la promotion sociale des ingénieurs, l'attribution aux écoles techniques des mêmes prérogatives que les universités en matière de collation des diplômes, et enfin la création d'une académie des technologies ; mais en cela il se heurta aux professeurs de science physique, partisans d'une approche mathématique de leur discipline, et ce n'est qu'un siècle plus tard que sera créée Acatech.
Après la Première guerre mondiale, ses idées perdirent en audience car l'industrie allemande s'inspirait de plus en plus du modèle américain. Riedler ne se consacra plus qu'à l’histoire des techniques ; il se retira alors à Vienne et mourut, presque oublié, le 25 octobre 1936, dans la ville d'eau de Semmering. Sa femme, Fritza Riedler (née Langer), s'était éteinte en 1927 : Gustav Klimt avait peint son portrait en 1906, et ce tableau rejoignit en 1937 les collections du palais du Belvédère[1].
(de) G. Grüner, Österreichische Biographisches Lexikon, vol. 9, PDF (lire en ligne), « Riedler, Alois », p. 145-146
Karl-Heinz Manegold: Alois Riedler. In: Wilhelm Treue, Wolfgang König: Berlinische Lebensbilder. vol. 6: Techniker. Berlin, Colloquium-Verlag 1990, (ISBN3-7678-0777-7), S. 293–307 (Einzelveröffentlichungen der Historischen Kommission zu Berlin 60).