En 1929, il peint l'Homme blessé en hommage à Roger de La Fresnaye et expose au Salon des TuileriesPortrait de Mme Elvira de Hidalgo et Pêcheur à la raie[3].
Cette confrontation entre le classicisme et cette vision surréaliste et expressionniste seront des références permanentes pour Courmes. Surnommé L'Ange du mauvais goût par ses détracteurs, il détourne souvent dans ses tableaux des thèmes mythologiques (Sphinge, Minotaure, Œdipe) ou chrétienne (Saint Sébastien, Saint Antoine, le Christ en croix) à des fins humoristiques ou à consonances sexuelles, parfois nettement homoérotiques. Il n'est pas rare que des objets modernes (bicyclettes, haltères) ou des vêtements contemporains (bas de soie, shorts, habits de marins) soient associés à des univers de l'Antiquité ou du Moyen Âge. Il emprunte également à l'imagerie des publicités de son temps (fillette et logo des Chocolats Menier, Bibendum de Michelin, paquets de lessive, étiquettes de Camembert) et à la photographie des journaux à sensations (meurtres sanglants, criminels, détachements de militaires) pour susciter des anachronismes cocasses ou blasphématoires. Les décors de ses tableaux sont très souvent liés au canal Saint-Martin, à la place du Colonel-Fabien ou à l'avenue Secrétan.
En 1930, résidant près de la Gare de l'Est, il exploite une salle de cinéma populaire, le Verdun-Palace[4]. En 1936, il reçoit le prix Paul Guillaume (partagé avec Tal Coat) pour Saint Sébastien, un exemple typique de son style. Le tableau brocarde l'iconographie chrétienne traditionnelle en représentant le saint sous les traits d'un matelot et en utilisant des références à la publicité contemporaine : la fillette des Chocolats Menier tâte les parties génitales du saint attaché à un arbre, tout en lui plantant une flèche dans le flanc ; le tout est ceint par le cercle bleu d'une marque de Camembert qui livre des informations sur le peintre et sa toile. Ce succès lui permet d'obtenir une commande en 1937, Le Toucher pour le pavillon de la manufacture de Sèvres à l'Exposition internationale de Paris. En 1938, Albert Sarraut, ministre de l'Éducation nationale, lui propose la décoration murale de la salle à manger de l'ambassade de France à Ottawa au Canada et en compagnie d'autres artistes : cent vingt mètres carrés peints à la cire dont le thème sera la France heureuse[5], qui lui demandera deux ans de travail et se terminera la veille de la Seconde Guerre mondiale[6], elle est signée et datée du , 3 heures du matin[7].
En 1946, il participe à l'Exposition surréaliste de Lille avec Magritte et son ami Clovis Trouille, à partir de 1957, il expose régulièrement au salon de mai et en 1971 lors de l'exposition Les Autres organisée par Yves Hamon à Bordeaux. Courmes est reconnu comme précurseur d'une génération de jeunes peintres qui exposent avec lui, à la Galerie nationale du Grand Palais en 1972 dans l'exposition 12 ans d'art contemporain, et reçoit le prix Panique. Il sera présent à l'exposition Mythologies Quotidiennes au musée d'art moderne de la ville de Paris en 1976, ainsi qu'à l'exposition Les Réalismes entre révolution et réaction 1919-1939 au Centre Georges-Pompidou. Il est nommé Chevalier de la Légion d'honneur en 1991, il vit et peint jusqu'à sa mort le .
↑Cette fresque, badigeonnée par un fonctionnaire peu scrupuleux, sera restaurée entre 1981 et 1984 grâce à la clairvoyance de Messieurs Beliard et Cabouat, ambassadeurs de France et avec le soutien des affaires étrangères, en restituant au patrimoine national cette réalisation somptuaire du Front populaire (Christian Derouet, introduction au catalogue Alfred Courmes du musée de Roubaix en 1989).
↑Excédé par les lenteurs de l'administration française à compenser les pertes de changes dues à la situation financière d'alors, Courmes, qui devait à son logeur canadien plusieurs mois de loyer, résolu fin mars 1939 de s'installer « avec sa tribu » dans les locaux de la Légation. Source : Jean Fouace, « La décoration de l'ambassade de France à Ottawa », Bulletin de la Société de l'Histoire de l'art français, année 2005, Paris 2006, p. 349.