Jacques-Pierre-Alexandre, comte de Tilly, né au Mans[1],[2], non en 1764 comme le disent ses Mémoires, mais bien le [3], paroisse du Crucifix, mort à Bruxelles, le , est un militaire, aventurier et homme de lettresfrançais.
Biographie
Appartenant à une ancienne famille normande, qui s’est subdivisée en plusieurs branches, le comte de Tilly fut admis, à l’âge de quinze ans, dans les pages de la reine. Il en sortit pour passer comme sous-lieutenant dans les dragons de Noailles, et quitta de bonne heure le service militaire.
À l’époque de la Révolution, il se montra l’adversaire des idées révolutionnaires, et inséra dans les Actes des apôtres[4], dirigé par Jean-Gabriel Peltier, et la Feuille du jour des articles remarquables par la vivacité des opinions. II quitta la France après la journée du 10 août 1792, et mena une existence extrêmement dissipée en Angleterre jusqu’en 1796. [il eut notamment comme maîtresse la célèbre mémorialiste Lady Elizabeth Craven, margravine d'Anspach].
L’année suivante, il alla aux États-Unis où il épousa, en 1799, une Américaine, à Philadelphie, d’où il revint en Angleterre dans les premiers mois de 1799. Il parut en septembre de la même année à Hambourg, puis il se rendit à Leipzig, à Dresde et à Berlin. En 1801, le roi de Prusse le nomma son chambellan.
Tilly quitta Berlin au printemps de 1807, et il obtint sans doute plus tard la permission de revenir en France, car on le vit à Paris en 1812 et en 1813. Il s’y trouvait après le retour des Bourbons, mais il s’en éloigna avec eux en 1815, resta en Belgique, où, las d’une vie orageuse et dissipée, il se donna la mort l’année suivante.
Tilly a été représenté comme un de ces roués froids, polis et méchants dont Laclos a reproduit le type. Il est surtout connu pour ses Mémoires remplis d’anecdotes galantes, où il parle, notamment, longuement d’Émilie de Sainte-Amaranthe dont il tenta vainement de faire la conquête. Tilly est également l’auteur du distique si connu sur Louis XVI :
II ne sut que mourir, aimer et pardonner ;
S’il avait su punir, il aurait su régner.
Publications
Œuvres mêlées ; Amsterdam et Paris, 1785, in-8° ; nouv. édit., augmentée des opuscules publiés par l’auteur de 1785 à 1795, Berlin, 1803, in-8° ; Leipzig, 1803, 1813, in-8° [5];
Lettre à M. Philippe d’Orléans[6], Paris, 1790, in-8°, brochure publiée ordinairement à la suite d’une autre, intitulée : À moi Philippe, un mot ! s. d., in-8°;
Lettre à Louis XVI ; Paris, 1793, in-8° ; Berlin, 1794, in-8° ;
De la Révolution française en 1794 ; Londres, 1795, in 8° ; réimpr. dans les Œuvres mêlées, édit, de Berlin ;
Mémoires du comte Alexandre de Tilly, pour servir à l’histoire de mœurs de la fin du XVIIIe siècle, 1828, 3 vol. in-8° ; 2e édit., Paris, 1830, 3 vol. in-8° ; rééd. Christian Melchior-Bonnet, Paris, Mercure de France, 1965 ;
Les Mémoires, dédiés au prince de Ligne, trad. en allemand sur les manuscrits autographes, avaient paru à Berlin, 1825, 3 vol. in-12[7].
Bibliographies
Tugdual de Langlais, L'armateur préféré de Beaumarchais Jean Peltier Dudoyer, de Nantes à l'Isle de France, Éd. Coiffard, 2015, 340 p. (ISBN9782919339280).
Daniel Fabre, Passer à l'âge d'homme (dans les sociétés méditerranéennes), Paris, Gallimard, 2022, 340 pages (ISBN978-2-07-074-709-2), partie La nuit des pages (pages 183-249).
Jean-Claude Hauc, "Alexandre de Tilly", in Aventuriers et libertins au siècle des Lumières, Paris, Les Editions de Paris, 2009.
Tina Malet, Une vie de Tilly ou la mort du lys, Edilivre, 2013.
Notes et références
↑Archives de la Sarthe (en ligne), Le Mans, paroisse du cruxifix : « le septième jour 1761 est né et le lendemain a été baptisé par nous curé… fils du légitime mariage de messire Jacques de Tilly garde du corps compagnie de Villeroy et de dame Anne Suzanne Magdelaine Le Bourdais de Chassilé. A été parrain messire Pierre de Tilly grand-père de l’enfant ; a été marraine dame Suzanne Desnault Dasseline veuve de François Louis Jean Le Bourdais de Chassilé, aussi grand-mère de l’enfant ».
Sa mère est décédée le 16 août suivant.
↑La mère de Tilly était Anne-Suzanne-Magdelaine Le Bourdais de Chassillé (ou Chassilly selon la graphie du XVIIIe siècle), Chassillé était dans le Maine (Source :Journal d'un chanoine du Mans, Nepveu de la Manouillère (1759-1807), texte intégral établi et annoté par Sylvie Granger, Benoît Hubert et Martine Taroni, préface de Philippe Loupès, Presses universitaires de Rennes, 2013 (ISBN978-2-7535-2774-4)
↑Journal d'un chanoine du Mans, Nepveu de la Manouillère (1759-1807), op. cit. page 413, note 419.