Abû al-Qâsim al-Afdhal Shâhânshâh ou Al-Afdhal (soit « le meilleur, l'excellent ») est un vizir du califat famitide, d'origine arménienne[1], né en 1066 à Acre et mort en 1121 au Caire.
À la mort de son père Badr al-Djamali, à la fin de l'année 1094, Al-Afdhal est nommé vizir pour lui succéder, par le calife Al-Mustansir. Le calife décède approximativement un mois après[3]. Al-Mustansir a par ailleurs désigné son fils cadet Al-Musta‘li pour lui succéder, aux dépens de son fils aîné Nizâr. Certains pensent qu'Al-Mustansir aurait changé d'avis sur le nom de son successeur, et le témoignage de la sœur du calife viendrait appuyer cette thèse[4].
Règne d'Al-Musta`li
Nizâr, évincé se réfugie à Alexandrie. Al-Afdhal part pour Alexandrie. C'est un échec, il est même repoussé jusqu'aux abords du Caire. En fin 1095, Al-Afdhal repart faire le siège d'Alexandrie et parvient cette fois parvient à faire prisonnier Nizâr. Amené au Caire, Nizâr est emmuré sur ordre de son frère Al-Musta`li[4]. Nizâr meurt dans sa prison en 1097[5]. Son fils `Alî ben Nizâr al-Hâdî aurait été assassiné en même temps que son père. Seul le petit-fils de Nizâr aurait échappé à la mort, emmené par des serviteurs de confiance en Perse se réfugiant auprès de Hassan ibn al-Sabbah à Alamut. Il est élevé avec soin par Hassan ibn al-Sabbah, en grand secret perpétuant l'ismaélisme nizârite[6].
En choisissant Al-Musta`li en place de Nizâr, Al-Afdhal divise, et par cela affaiblit, la communauté ismaélienne. Les Ismaéliens d'Égypte, du Yémen et de l'ouest des Indes le reconnaissent Al-Musta`li, l'opinion des Syriens est divisée. Cette majorité va former l'ismaélisme mustalien. En revanche en Perse, sous l'influence de Hassan ibn al-Sabbah installé à Alamut, c'est Nizâr qui est considéré comme le seul imam légitime. Hassan ibn al-Sabbah théorise l'ismaélisme nizârite[4].
Al-Afdhal reste le véritable souverain de l'État fatimide pendant tout le règne d'Al-Musta`li jusqu'en 1101. C'est pendant cette période que les croisés sont arrivés en terre sainte. Al-Afdhal commet une grave erreur d'appréciation sur le caractère de cette invasion. Il considère que les croisés sont pour lui des alliés potentiels contre leur ennemi commun les Seldjoukides[7].
En 1098, Al-Afdhal reprend Jérusalem que son père avait perdue en 1078 devant les Seldjoukides conduits par Tutuch. Le gouvernorat de la ville avait été confié à Artuk puis à ses descendants les Artukides. Ce siège ayant affaibli les fortifications de la ville va finalement profiter aux croisés[7].
En 1099, les croisés prennent Jérusalem. Ils refusent toute négociation avec Al-Afdhal qu'ils battent sévèrement près d'Ascalon la même année[7].
Règne d'Al-Amir bi-Ahkâm Allah
En 1101, à la mort d'Al-Musta`li, Al-Afdhal met sur le trône le fils du calife âgé de cinq ans avec le titre de Al-Amir bi-Ahkâm Allah[réf. nécessaire]. En 1103, Al-Afdhal obtient un premier et dernier succès contre Baudouin de Boulogne. Par la suite, les défaites se succèdent : les villes de Palestine tombent une à une aux mains des croisés, bien qu'il envoie au combat ses meilleures troupes. Baudouin se risque même à pousser jusqu'en Égypte où il atteint Tinnis, mais il décède pendant son retrait (1118). Ayant à peu près tout tenté, Al-Afdhal essaie d'établir une coopération avec l'atabeg de Damas, sans résultat[7].
En décembre 1121[8], le jeune calife, devenu adulte, décide de se débarrasser de son encombrant vizir. Al-Afdhal est attaqué dans la rue et meurt peu après de ses blessures[7],[9].
Notes et références
↑Steven Runciman 1951 ; réédition de 2007, p. 297. Extrait : (...) le vizir Al-Afdal, renégat arménien né en Acre, qui gouvernait le pays au nom du jeune caliphe al-Amir (...)
↑Al-Afḍal b. Badr al-Ḏj̲amālī dans Encyclopédie de l'Islam.
↑(en) M. Th. Houtsma, First Encyclopaedia of Islam (lire en ligne), p. 146, article Al-Afdhal b. al-Djamali situe la mort d'Al-Mustansir entre novembre 1094 et janvier 1095.