Bradley Morahan, peintre vieillissant, estime qu'il a fait son temps, et part se ressourcer en Australie, à la fois pour y retrouver ses racines et l'inspiration. Après une semaine agitée à Brisbane, par la faute d'obligations mondaines et d'un gêneur vénal et érotomane, Nathaniel Kelly, il gagne une île paradisiaque qu'il croit déserte, accompagné de son chien Godfrey... mais y vivent une demoiselle d'âge mûr hystérique, Miss Marley, et surtout une vieille femme alcoolique et sa petite-fille, Cora, sauvageonne aux formes pulpeuses qui ne rêve que de partir pour Brisbane et y devenir coiffeuse. Pour quelques dollars, elle accepte de poser pour le peintre et devient sa muse, rendant progressivement à l'artiste son inspiration et le goût de vivre...
Bien qu'adapté d'une œuvre de Norman Lindsay, auteur souvent censuré dans son propre pays, et que Age of Consent soit sorti sans coupure en Australie[1], et ait passé le British Board of Film Classification sans aucune demande de coupure[2], le distributeur, Columbia Pictures, a décidé de couper la scène d'ouverture de la chambre entre James Mason et Clarissa Kaye ainsi que certaines des scènes de nu de Mirren, raccourcissant ainsi le film de 106 à 98minutes avant sa sortie devant le public britannique et américain[1].
Nombre de médias ont également parlé de censure concernant le remplacement de la partition originale de Peter Sculthorpe, « l'un des plus grands compositeurs classiques d'Australie », par une composition désinvolte de Stanley Myers[1], qualifiée par Michael Powell, furieux, de « some Hollywood hack »[3], et la suppression du nom de Sculthorpe de la séquence de crédits. Ce fut le changement le plus controversé du film. La musique de Sculpthorpe, inspirée du gamelan de la musique balinaise était un atout, avec son caractère obsédant et sa qualité typiquement australienne[1] pour tenter de faire de ce film plutôt commercial un « film d'art »[3]. Sculthorpe a exprimé sa colère, visible dans le DVD supplémentaire sur la réalisation du film[1]. Or, si aucune demande de coupure des images n'a été faite par la censure, les coupures ayant été réalisées de sa propre initiative par le distributeur[1], il n'y en a pas eu non plus concernant la musique. Et pour cause, ce sont des raisons techniques qui ont nécessité le remplacement de la musique de Sculthorpe : peu de temps avant la première new-yorkaise du film, certaines parties de l'enregistrement de la bande-son se sont avérées défectueuses, la partition complète devant être réenregistrée. Mais à l'époque, Sculthorpe vivait dans un monastère bouddhiste zen au Japon et les demandes de partition ne lui étant pas parvenues, elles sont restées sans réponse. Une nouvelle partition a alors dû être écrite en catastrophe par le compositeur britannique[4].
Au Festival du film de Sydney 2005, une version entièrement restaurée du film a été projetée, avec à la fois la partition originale et les scènes coupées rétablies[5]. La restauration a été initiée par Martin Scorsese, grand admirateur de Michael Powell, et réalisée par The Film Foundation, dans le cadre de leur travail de restauration de tous les films de Powell, sous la supervision de l'éditeur de cinéma Thelma Schoonmaker, dernière épouse de Powell du jusqu'à sa mort en 1990[6]. La version restaurée est sortie sur DVD aux États-Unis en dans le cadre d'un double ensemble de films de Powell, jumelée avec A Matter of Life and Death[6]. La version restaurée avec partition originale est disponible en DVD[7] au Royaume-Uni, publiée par Sony Pictures Entertainment, notée « 12 » par le BBFC. Elle a été diffusée à la télévision sur Film4 au Royaume-Uni, en [8].
Umbrella Entertainment a sorti un DVD de la version restaurée en Australie en , avec une interview spéciale de Martin Scorsese à propos de Age of Consent, un commentaire audio avec l'historien Kent Jones, le making of de Age of Consent et l'entretien avec Helen Mirren A Conversation with Cora and Down Under with Ron and Valerie Taylor[9].
La musique originale de Peter Sculthorpe
Comme à son habitude assumée, Peter Sculthorpe use largement du réemploi de son matériau musical[10].
La musique de la scène semblable à une séquence publicitaire qui se déroule dans une galerie new-yorkaise au début du film est un ré-arrangement à la nette sonorité, noté « Musak », de parties du « Yale Quartet » (quatuor à cordes no 7, Red Landscape, 1966)[11].
Le thème du titre, la « chanson de l'innocence » comme il la nommait, est original. Sculthorpe en a par la suite réutilisé la mélodie pour son quatuor à cordes Little Serenade (1977)[11]. Les paroles, écrites et chantées par Alan Dean, sont plutôt noires[3] :
Always, in the ways, a message sent
Always, in small ways that we we're meant
To always remember the Age of Consent
Always and always
Toujours, dans les manières, un message envoyé Toujours, dans les manières modestes dont nous sommes censés Toujours nous souvenir de l'âge du consentement Toujours et toujours
(en) Graeme Skinner, Peter Sculthorpe : The Making of an Australian Composer, Sydney, University of New South Wales Press, , 693 p. (ISBN978-0-86840-941-2, BNF41171907, lire en ligne).