Cette espèce, qui appartient au pool génique secondaire du blé[2], est le progéniteur du génome B chez les différentes espèces du genre Triticum[3] (blé tendre, blé dur, amidonnier, épeautre, etc.). C'est une source de gènes utilisables pour l'amélioration des cultivars modernes de blé.
Étymologie
Le nom génériqueAegilops est un terme latin, attesté chez Pline qui désignait une espèce de graminée sauvage, l'égilope (Aegilops ovata). Ce terme latin est dérivé du grec αἰγίλωψ, à l'étymologie obscure[4]. Selon l’Etymological Dictionary of Grasses, ce terme dériverait de deux racines grecques anciennes, αἰγίλες (aegiles), « préféré par les chèvres » et ὤψ, ôps (ops), « œil, apparence », et ferait référence à la ressemblance présumée de cette espèce avec une plante non identifiée, appelée aegiles en grec ancien, dont on ne sait rien sauf qu'elle était aimée des chèvres[5].
L'épithète spécifique, speltoides, est formée du nom latinspelta (épeautre), mot d'origine germanique, avec le suffixe -oides, du grec εἶδος, eidos, « qui ressemble à », en référence à la ressemblance de cette plante avec l'épeautre[6].
Description
Aegilops speltoides est une plante herbacée, annuelle, cespiteuse, aux tiges (chaumes) dressées ou géniculées ascendantes, pouvant atteindre de 20 à 70 cm de long.
Les feuilles ont un limbe allongé, scabre en surface, de 5 à 15 cm de long sur 2 à 3 mm de large, muni d'auricules falciformes et d'une ligule membraneuse[7].
L'inflorescence est formée d'un racème spiciforme allongé, linéaire, droit ou arqué, de 8 à 11 cm de long et portant de 6 à 13 épillets fertiles. Les épillets stériles de la base sont absents ou rudimentaires.
Les épillets fertiles, sessiles, oblongs, sont comprimés latéralement et ont de 8 à 14 mm de long. Ils comptent de 4 à 8 fleurons fertiles et des fleurons réduits à l'apex.
Les deux glumes qui sous-tendent l'épillet sont similaires, plus courtes que l'épillet, longues de 5 à 9 mm. De consistance coriace, de forme oblongue, asymétrique, non carénées, elles présentent de 7 à 9 nervures latérales inégalement épaissies.
Les fleurons fertiles sont sous-tendus par une lemme coriace, oblongue de 8 à 11 mm de long, présentant cinq nervures et portant une arête de 20 à 120 mm de longueur totale seulement sur les épillets supérieurs, et par une paléole à deux nervures.
Ils comptent deux lodicules ciliés, et un ovaire, pubescent à l'apex, et présentant un appendice charnu sous le point d'insertion du style.
Les fleurons apicaux, stériles, ressemblent aux fleurons fertiles mais ont un développement réduit[7].
Le fruit est un caryopse au péricarpe adhérent, poilu à l'apex[7].
A maturité, la disséminule est constituée par l'inflorescence qui se détache en entier[7].
L'égilope faux-épeautre se rencontre principalement dans les prairies et les sites modérément perturbés, comme les bords de routes, en lisière des cultures et parfois dans les champs cultivés notamment de céréales (orge, blé dur ou blé tendre), ainsi que dans les vergers (agrumes, oliveraies). L'espèce se rencontre aussi dans les forêts ouvertes de pins et de chênes. Elles préfère les sols à texture argileuse ou argilo-sableuse sur socle calcaire. Aeglilops speltoides pousse plutôt dans des zones relativement humides, recevant des précipitations annuelles comprises entre 450 et 1450 mm[8].
Utilisation
Comme d'autres espèces sauvages du genre Aegilops apparentées au blé cultivé (Triticum sp.), Aegilops speltoides possède des gènes de résistance aux maladies, aux ravageurs et aux facteurs environnementaux défavorables, qui présentent un intérêt agronomique. Ces gènes peuvent être incorporés dans le génome du blé par des croisements intergénériques, suivant, si nécessaire, le développement de lignées d'addition et de substitution de chromosomes. Le transfert d'un seul segment d'un chromosome étranger peut être réalisé par des translocations. L'utilisation des Aegilops, qui sont les plus proches parents du blé et présentent une grande diversité génétique, pour améliorer le blé cultivé remonte à plus d'un siècle[9].
Parmi les gènes de résistance déjà introduits par introgression dans le génome de cultivars du blé tendre à partir d'Aegilops speltoides figurent les gènes :
L'espèce Aegilops speltoides a été décrite en premier par le botaniste autrichien Tausch et publiée en 1837 dans Flora, oder, Allgemeine botanische Zeitung 20 (1): 108[11].
↑Gérard Doussinault, Marie-Thérèse Pavoine, Bénédicte Jaudeau et Joseph Jahier, « Évolution de la variabilité génétique chez le blé » [PDF], sur Dossier de l’environnement de l’INRA, n°21, (consulté le ).
↑Jacques André, Les noms de plantes dans la Rome antique, Les Belles Lettres, coll. « Études Anciennes / publiée sous le patronage de l'Association Guillaume Budé », , 332 p. (ISBN9782251328560), p. 6.
↑(en) Harold T. Clifford, Peter D. Bostock, Etymological Dictionary of Grasses - volume 86 de GeoJournal library, SpringerLink: Springer e-Books, , 348 p. (ISBN9783540384342), p. 27.
↑(en) Harold T. Clifford, Peter D. Bostock, Etymological Dictionary of Grasses - volume 86 de GeoJournal library, SpringerLink: Springer e-Books, , 348 p. (ISBN9783540384342), p. 300.
↑ abc et d(en) W.D. Clayton, M. Vorontsova, K.T. Harman & H. Williamson, « Aegilops speltoides », sur GrassBase - The Online World Grass Flora, Royal Botanic Gardens, Kew (consulté le ).
↑ a et b(en) « Aegilops speltoides », sur IUCN Red List of Threatened Species (consulté le ).
↑ ab et c(en) Márta Molnár-Láng, « Utilisation of Aegilops (goatgrass) species to widen the genetic diversity of cultivated wheat », Euphytica, vol. 163, no 1, , p. 1–19 (DOI10.1007/s10681-007-9624-y, résumé).
↑(en) Łukasz Stępień, Lidia Golka, Jerzy Chełkowski, « Leaf rust resistance genes of wheat: identification in cultivars and resistance sources », Journal of Applied Genetics, vol. 44, no 2, , p. 139-149 (PMID12773791, lire en ligne).