L'Abbaye de Val-Secret est une ancienne abbaye de prémontrés fondée en 1133, dans un petit vallon désert, à 3 kilomètres N.-E-, vers l'extrémité du territoire de Brasles dans l'Aisne, près de Château-Thierry, en direction de Soissons, à proximité de l'ancienne voie romaine, devenue route départementale[1].
En 1638 Claude Létendart de Bully est nommé par Louis XIII à la tête de l’établissement. Il revêt l’habit de chanoine régulier de Prémontré sans faire de vœux. Il s’attache à subvenir aux dépenses de réparations considérables à faire sur les bâtiments et contracte d’importantes dettes. Son abbatiat est marqué par les nombreux procès qui l’opposent aux moines. À son décès, en 1681, la commende est officiellement instituée à Val-Secret en la personne de Léonard Hennequin. Ce dernier s’engage en recevant sa charge à effectuer sur sa fortune personnelle les travaux de restauration. Il fait démolir le bâtiment qui abrite le réfectoire des religieux, la cuisine, le chapitre et la sacristie au rez-de-chaussée et au premier étage le dortoir et l’infirmerie pour édifier à sa place un nouveau corps de logis, achevé en 1688.
Possédant depuis la création du collège de Château-Thierry, le titre de grand écolâtre, l’abbé peut prévaloir à la nomination de ses régents. Mais en 1720 ce droit est contesté par les échevins de Château-Thierry. Un accord est passé entre l’abbaye et la ville en 1721 par lequel il est convenu que la nomination du régent appartiendra aux échevins et aux gouverneurs et que l’abbé lui délivrera ses provisions. Les travaux de restauration commencés par l’abbé Hennequin, qui prévoyait de faire également reconstruire l’aile méridionale de l’abbaye, complètement ruinée, une galerie du cloître et le logis abbatial sont interrompus par manque d’argent et ne reprennent qu’en 1765. Une aile en retour du corps de logis construit par Hennequin est élevée pour accueillir des pièces utilitaires et des chambres d’hôtes. Rien n’affirme que le logis abbatial ait été construit[2].
À la Révolution, l’abbaye n’abrite plus qu’une dizaine de religieux. Le , l'Assemblée constituante prononce l'abolition des vœux monastiques et la suppression des congrégations religieuses. L'abbaye est fermée. Les moines quittent leur couvent vers la fin de l'année. L’inventaire de ses biens est dressé les 23 et et révèle une bibliothèque contenant 1780 ouvrages imprimés. L'abbaye est mise en vente, comme bien national, le [5].
Les bâtiments sont détruits durant le XIXe siècle ainsi que l’abbatiale dont il reste encore des traces en 1840. Il ne reste plus aujourd’hui de trace de ce monastère.
Certains affirment que la maison dénommée La Folie l'Abbé, propriété du Val-Secret, dans l'enclos de vignes au-dessous du jardin du couvent de l'abbaye Notre-Dame de La Barre, est un lieu de rendez-vous, qui abriterait les amours clandestines du prieur prémontré et de l'abbesse de La Barre ; La Fontaine se serait inspiré de ces rencontres sentimentales à l'intérieur même du monastère pour écrire son conte Les Lunettes. La conduite hasardeuse de l'abbesse de La Barre a peut être suggéré au fabuliste ce conte grivois.
~1557 : Pierre VII des Lions, docteur en théologie
~1564 : François I de Rong
~1572-1613 : François II de Longpré devint en même temps abbé de Prémontré en 1596
1613-1638 : Jacques Chastelain
1638-1681 : Claude Létendart de Bully (†1681)
Abbés commendataires
1680-1735 : Louis Léonard ou Leonor, Hennequin de Charmont (•1670-†1735), fils aîné de Louis-François Hennequin, procureur général au Grand Châtelet, et de Marie-Marguerite L'Hoste de Beaulieu, docteur de la faculté de Paris, premier abbé commendataire.
Le prieur est le moine choisi par l'abbé pour le seconder : on parle alors de prieur claustral, ou de grand-vicaire, numéro deux d'une abbaye. Le prieur, depuis la mise en commende, est le véritable chef du monastère
François Maillefer, emprisonné à la Bastille le [9] accusé à tort par un autre ecclésiastique, le père Gilliard, de sodomie et d'avoir voulu empoisonner le Roi.
Les dîmes de Lucy sont à l'origine de contestations nombreuses entre la Charmoye et l'abbaye de Val-Secret. Le desservant religieux de Lucy et du Baizil prétendait lever les dîmes des paroisses qu'il desservait. En 1279, une première transaction intervient entre Val-Secret et la Charmoye à propos du droit sur ces dîmes. Mais la querelle reprend toujours, de 1528 à 1696, il n'y eut pas moins de dix sentences rendues condamnant Val-Secret à verser par an 9 boisseaux de grains à la Charmoye et celle-ci à payer 200 livres par an au religieux de Val-Secret qui dessert Lucy [10].
L'abbé de Val Secret conserverait le droit de collation avec le titre d'écolâtre sur le collège de Château-Thierry. La ville payait en outre une rente annuelle.
Patrimoine foncier
En 1231, le chapitre de Saint-Gervais de Soissons cede aux religieux de Val Secret de tous les droits qu'il avait à Blesmes moyennant certaines redevances à prendre sur leurs terres de Château-Thierry[11].
Les religieux possédaient encore, du don des seigneurs de Château-Thierry, une maison de la ville, au haut de la rue du Crochet et donnant sur la halle et le marché, nommée Hôtel de la Pie, pour leur servir de logement lorsqu'ils viendraient à Château-Thierry, et sans doute aussi de refuge en temps de guerre (refuge de paix ou metz)[2]. En 1394 l’abbaye vend son refuge de Château Thierry à la ville.
En 1791, la publication des biens à vendre comme biens nationaux indique : La maison conventuelle du Val-Secret, avec la maison abbatiale estimés 15,000 livres ; La ferme nommée Farsoi, située sur la paroisse de Saint Crespin-de-Chaurry. Une autre ferme, appelée la Sasseries, paroisse de Brasles, une autre ferme, appelée la Goutiere, paroisse de Besu-Saint-Germain, La ferme appelée Paupin, paroisse de Brasles, Le moulin des Couverts, paroisse de Verdilly, et plusieurs lots de terre sur différentes enchères[5].
A. Corlieu, « L'Abbaye de Val-Secret », Annales de la Société historique et archéologique de Château-Thierry, , p. 239-256 (lire en ligne, consulté le )..
Émile Morlot, Le Moine du Val-Secret, Château-Thierry, 1862.