L'abbaye Notre-Dame-de-Bonmont est une ancienne abbaye cistercienne. Elle est située à Chéserex, dans le canton de Vaud, à 8 km au nord-ouest de Nyon. Sécularisée en 1536, l'église est désormais la propriété du canton de Vaud, et sa gestion a été confiée à une fondation dédiée.
Huitième fille de Clairvaux, Bonmont est le premier monastère implanté en Suisse à s'affilier à l'ordre cistercien.
Histoire
L’acte de fondation proprement dit est perdu, mais la communauté monastique de Bonmont est mentionnée pour la première fois en 1123 lorsque deux seigneurs de Divonne, Walcher de Divonne (qui deviendra lui-même moine à Bonmont) et son frère, Étienne de Gingins, donnent des terres, notamment le village de « Pellens’ », « à Dieu et à la Bienheureuse Marie de Bonmont, et aux frères qui y servent Dieu »[3]. Par la suite, le couvent s’enrichit rapidement grâce à de nombreuses donations, mais ce développement ne va pas toujours sans conflits, notamment lorsque l’un des premiers donateurs accuse les moines d’avoir détruit le village de Pellens et d’en avoir chassé les habitants. De fait, cette agglomération a entièrement disparu de la carte et ne peut plus être située.
Initialement, Bonmont n’appartient pas à l’ordre cistercien, mais se trouve dans la dépendance des moines bénédictins de l'abbaye de Balerne, située à Mont-sur-Monnet, Département du Jura, en Franche-Comté. Les débuts de l'expansion cistercienne en Europe et son puissant attrait spirituel sont liés au charisme de Bernard de Clairvaux et sa visite à la Grande Chartreuse en 1125 ainsi que ses voyages l’amenant à traverser la Suisse romande (1125, 1133, 1135). Ils ne sont sans doute pas étrangers à la demande de rattachement de Bonmont à Clairvaux faite par Moïse, premier abbé de Bonmont, en 1131. Le monastère devient la huitième fille de l'abbaye, filiation confirmée par une bulle du pape Innocent II du . Bonmont rompt ainsi avec Balerne, qui choisira d’ailleurs la même filiation cinq ans plus tard. Bonmont est la plus ancienne fondation de l'Ordre cistercien Outre-Jura[4].
L'abbaye agrandit son domaine foncier grâce à de nombreuses donations ultérieures, faites notamment par plusieurs seigneurs régionaux, et devient une institution prospère. Les biens du monastère sont confirmés par une bulle du pape Alexandre III en date du . Durant la première moitié du XIIIe siècle Bonmont acquiert le droit de patronage sur bon nombre d’églises, telles que Vich, Burtigny, Grens, Crassier, Colombier-sur-Morges, ainsi que Commugny. Elle s’efforce également d’obtenir les droits de dîme correspondants, et détient dans la région diverses «granges», soit exploitations agricoles ou viticoles.Dans la seconde moitié du XIIIe siècle les importantes possessions du monastère s'étendent au-delà du lac Léman. À cette même période, l'abbaye est le lieu de sépulture de nombreuses familles nobles.
En 1131, débutent les travaux de construction de l'église abbatiale. Une partie des bâtiments conventuels est terminée en 1142. L'église abbatiale est consacrée en 1214. Elle est dédiée à Marie sous le vocable de Notre-Dame[6].
Au cours des XIIe et XIIIe siècles, une chapelle de l'abbaye sert de sépulture aux seigneurs de Gex, branche collatérale de la maison de Genève[7].
En 1438, durant le concile de Bâle, ouvert le [8], l'abbé de Bonmont et Nicolas Loiseleur sont chargés de négocier à Londres auprès du roi Henri VI, afin que ce dernier ne soutienne plus le pape Eugène IV et qu'il se rallie à la cause des pères conciliaires bâlois. Ceux-ci élisent, le , Félix V, le dernier antipape de l'histoire de l'Église catholique.
Jusqu’à une époque récente, l’église a été utilisée comme grange. Quant aux bâtiments conventuels, ils servent d’abord d’hospice pour les pauvres. En 1738, un château est construit par les gouverneurs bernois sur le site de l'ancienne hôtellerie. En 1798, l'abbaye devient bien national, est privatisée en 1802 puis l’ancien lieu de culte est classé monument historique en 1942. Après dix-sept années de tractations, il est cédé gratuitement au canton de Vaud par le propriétaire, en 1982. Le gouvernement vaudois entame alors la restauration de l'église et en confie sa gestion à la Fondation de l'Abbaye de Bonmont. L'inauguration des lieux a lieu le .
La campagne de fouilles entreprise en 1952 a permis la mise au jour d'une partie de la salle capitulaire et la découverte de trois dalles funéraires ; une bulle de plomb de Martin V a été trouvée parmi les cinq squelettes d'abbés qui reposaient sous ces dernières.
Fonds d'archives
Fonds : van Berchem (Victor) (1911-1938 (concernant 640-1938)) [1,40 ml]. Cote : CH-000053-1 Archives privées P Berchem. Archives cantonales vaudoises (présentation en ligne)..
Fiches de dépouillement de fonds d'archives, notes de lectures, lettre et parties rédigées caractérisent le fonds. Victor van Berchem a puisé ses informations dans le dépouillement des fonds d'archives et des éditions de sources, en recherchant au-delà des sources relatives à l'abbaye de Bonmont. Leur exploitation est tout à fait possible, l'organisation du fonds a permis de faire apparaître les étapes du travail de Victor van Berchem. La publication la plus récente et la plus complète sur l'histoire de l'abbaye de Bonmont, de Kathrin Tremp Utz, ignore les travaux de Victor van Berchem (Helvetia Sacra III/3/1, 1982, pp. 87-127). Victor van Berchem a exploité une partie de ses recherches en signant des articles en relation avec Coppet (Commugny) et Yverdon, il n'a pas pu publier ses recherches sur Bonmont[12].
(de) Kathrin Utz, « Bonmont », dans Helvetia Sacra 3/3/1, Die Zisterzienser und Zisterzienserinnen, die reformierten Bernhardinerinnen, die Trappisten une Trapistinnen und die Wilhelmiten in der Schweiz., Berne, Francke Verlag, (ISBN3-7720-1531-X), p. 87-127.
Kunstführer durch die Schweiz, t. 2, Zurich/Wabern, Büchler éd., , 5e éd., p. 216.
Guide artistique de la Suisse, t. 4a, Société d'histoire de l'art en Suisse, , p. 311.
M.-Anselme Dimier (photogr. Zodiaque), L'art cistercien hors de France, La Pierre-qui-Vire, , p. 74-79
traduction anglaise de Paul Veyriras et Marie-Thérèse Blanchon, traduction allemande de Hilaire de Vos
Notes et références
↑(la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, , 491 p. (lire en ligne), p. 20.