Évisa fait partie du « Delà des Monts », ou Corse occidentale ancienne, constituée pour l'essentiel de roches granitiques, par opposition au « Deçà des Monts » ou « Corse schisteuse » au nord-est[Note 1]. Ici, le socle constitué de granites alcalins, a été profondément entaillé par la rivière de Porto, qui en amont, a creusé des gorges vertigineuses (gorges de Spelunca). Les roches granitiques du substrat donnent la série des sols bruns acides, bruns méditerranéens et lithosols. Les sols sont dans l’ensemble peu ou moyennement profonds.
Son territoire s'étale sur les flancs occidentaux de la chaîne principale de l'île, orientée ici dans un axe nord-sud, entre :
au nord, un chaînon secondaire partant du cap Senino s'articulant sur la dorsale, à Capu a e Ghiargole (2 105 mètres), culmen communal « à cheval » à la fois sur Manso, Albertacce et Évisa ;
au sud, par une arête de montagne partant de Capu a Rughia (1 712 mètres), déclinant vers les gorges de Spelunca et comportant les sommets Capu di Melu (1 559 mètres), Capu Suariccione (ou Turnatoghiu) (1 439 mètres) et Capu d'Orzu (906 mètres).
Entre les deux, se dresse un petit chaînon accroché à la Pointe de Cricche (2 053 mètres) sur la chaîne principale peu au nord-ouest du col de Vergio, puis déclinant jusqu'aux gorges de Spelunca. Ce chaînon comporte les sommets Capu a Cuculla (2 048 mètres), Capu a u Frassellu (1 517 mètres), Capu Rustici (1 331 mètres), Capu di e Querce (1 170 mètres) e Capu Rosso (641 mètres). Il sépare la commune en deux secteurs :
le secteur septentrional qui représente la majeure partie du bassin versant du ruisseau de Lonca[2], affluent de la rivière de Porto ;
le secteur méridional qui représente le bassin versant du ruisseau d'Aïtone et la partie haute, à l'ubac, de la vallée du ruisseau de Tavulella où est construit le village d'Évisa (829 mètres d'altitude).
Hydrographie et les eaux souterraines
Évisa possède un réseau hydrographique très dense.
La rivière de Porto (ou ruisseau de Tavulella[3] jusqu'à sa jonction avec le ruisseau de Lonca) est le principal cours d'eau communal. Une grande partie de son cours sépare au sud la commune d'Évisa des communes de Marignana et de Cristinacce.
Le ruisseau d'Aïtone (ou ruisseau de Vergio en amont)[4] prend naissance sous le col de Vergio (1 478 m). Ce cours d'eau arrose toute la commune jusqu'à environ 600 mètres de sa confluence avec la rivière de Porto. Une faible partie de son cours délimite Marignana et Évisa.
Sismicité
Commune située dans une zone de sismicité très faible[5].
Climat et végétation
La forêt d'Aïtone[6], classée zone Natura 2000, est peuplée de pins laricios, de sapins, de châtaigniers. Des animaux domestiques (cochons, vaches) y vivent en liberté.
Au cœur de la vallée des Deux-Sevi qui part du col de Vergio jusqu'à la mer, l'environnement de ce village dévale 1 500 mètres de la haute montagne jusqu'à la mer et traverse une forêt (la forêt d'Aïtone), un canyon (gorges de Spelunca) jusqu'à la plage de Porto.
Évisa est le départ de nombreuses randonnées vers la montagne via le GR 20 et vers la mer sur le chemin des crêtes et de transhumance des bergers pour aller à Ota, Piana, Serriera, Partinello, les villages de mer de la côte ouest.
Voies de communication et transports
Accès routiers
Le principal accès routier est la route D84, qui traverse la commune depuis le col de Vergio au nord-est, jusqu'au pont de Tavulella au sud. Cette route relie la RN 193 à l'est depuis Francardo à la D81 à l'ouest à Porto (Ota (Corse-du-Sud)), via le Niolo. La D84 est une route qui passe par de remarquables sites touristiques : le célèbre défilé de la Scala di Santa Regina (Corscia) à l'est, le col de Vergio (1 478 m) où se dresse l'imposante statue (6 mètres de haut) du Christ Roi du sculpteur Noël Bonardi au centre, et les remarquables gorges de la Spelunca (Marignana) à l'ouest.
Au , Évisa est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[7].
Elle est située hors unité urbaine[8] et hors attraction des villes[9],[10].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (99,6 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (99,5 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
forêts (48,1 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (31 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (20,5 %), zones urbanisées (0,4 %)[11]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Toponymie
Le nom corse de la commune est Evisa/ˈeβiza/. Ses habitants sont les Visinchi.
Histoire
Histoire du village
Si le village d’Évisa est construit selon un plan typiquement corse, il ne présente pas de particularités notables au niveau de l’architecture, ainsi l’église Saint-Martin[12] est de construction récente. L'ancienne église piévane Saint-Cyprien[13] du XIe siècle se situait proche de l'actuel cimetière.
À voir toutefois, dans les gorges de Spelunca, le pont de Zaglia[14] ou, à Évisa, l’oratoire Saint-Martin ou encore la fontaine du village[15] surmontée d’une statue réalisée par le sculpteur Mariotti en l’hommage de Ferdinand Ceccaldi dit Fiorello (né en 1802 et mort en 1869), personnalité locale qui fut médecin-général des armées de l’Empereur Napoléon III et qui aurait acquis en 1866 la tour de Girolata et le fortin lorsque l’administration des domaines les avait mis en vente.
Le village était initialement (jusqu'aux XVIe et XVIIe siècles ?) formé de deux hameaux[16] :
un situé sur la Collizzola, à l'entrée de la Spelunca ;
l'autre au lieu Poggiolo (petit mamelon) et dominé par une tour (a Torra), ancien hameau dont on distingue encore les fondations.
On peut voir dans les environs : des moulins de torrents, une grotte où se cachaient des bandits, un village abandonné entre Évisa et Marignana, le Tasso, des ruines, des piscines naturelles et des cascades, les gorges de la Spelunca.
À 30 minutes de la plage de Porto, à 45 minutes des plages de Sagone, Évisa permet d'alterner le plaisir de la plage et celui de la montagne.
Évisa affiche, dans sa devise, sa fierté de village de montagne : Alta tenet evisa[17].
Communauté juive
Entre le XVIe siècle et le XVIIe siècle, la ville de Padoue, en Italie, était peuplée en grande partie par des Juifs qui habitaient un ghetto édifié en 1516. Il fut le théâtre de violences dirigées contre ses citoyens juifs, dont une partie faillit se faire lyncher.
Une rumeur malveillante, selon laquelle leurs coreligionnaires de Buda auraient commis des actes de cruauté contre les Chrétiens de la ville hongroise, déclencha cette flambée de brutalités dirigée contre la communauté juive de la ville. C'est grâce à l'intervention d'un père franciscain, le père Marco, qui écrivit une lettre afin de dénoncer cette mystification, que la communauté juive échappa au massacre annoncé.
Une grande partie de la communauté juiveashkénaze de Padoue décida à la suite de ces événements d'émigrer sous d'autres cieux plus cléments. Certains arrivèrent en Corse ; les habitants les nommèrent Padovani[18], ce qui signifie : venus de Padoue. En réalité le nom de famille Padovani.
En juillet et août, Évisa vit au rythme des promenades en montagne et en forêt, de baignades dans les torrents, les rivières, la mer, du pastis et des discussions sous les tilleuls des cafés, des places, des terrasses. C'est un site prisé par les randonneurs, les chasseurs de sangliers et de merles à partir de la fin de l'été.
Sur la commune on trouve trois hôtels, quatre cafés restaurants, des auberges, des gîtes[23].
Commerces
Il y a une épicerie, une menuiserie, des producteurs de charcuterie, d'artisanat de livres (polars, études, poésie, biographie).
Population et société
Démographie
Évolution démographique
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1800. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[24]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[25].
En 2021, la commune comptait 219 habitants[Note 2], en évolution de +5,8 % par rapport à 2015 (Corse-du-Sud : +6,69 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
Dominique Andreotti (1868-1963), poète improvisateur avec le pseudonyme de Minicale, né à Évisa, où il vécut. Un de ces poèmes les plus connus est Cuntrastu trà un Curzacciu è un Partinillacciu.
Philippe Massoni (1936-2015), ancien préfet de police de Paris et ancien conseiller du président de la République pour la sécurité.
Lucien, Dominique Castellani (1937-...), professeur de chirurgie Cardio-vasculaire, président de la société française d'angiologie, chevalier de la légion d’honneur.
Étienne Ceccaldi, magistrat en retraite, ancien président délégué de l'Olympique de Marseille.
Mathieu Ceccaldi (1893-1993), auteur d'un dictionnaire corse-français et d'une anthologie de la littérature corse.
Daniel Ceccaldi (1927-2003), acteur de cinéma et de théâtre, réalisateur.
Pierre Ceccaldi-Pavard (1921-2004), frère aîné de Daniel Ceccaldi, sénateur-maire de Dourdan (Essonne).
François-Antoine Girolami (1839-1919), ancien curé d'Évisa, auteur de différents ouvrages historiques et géographiques sur la Corse.
Antoine Benedetti (1915-1994), homme d'affaires, écrivain, donateur du nouveau buste de Fiorrelo Ceccaldi.
Jean-Dominique Luciani (1851-1932), directeur des Affaires indigènes du Gouvernement Général d’Alger, né à Partinello, village faisant partie de la commune d'Evisa jusqu'en 1864.
Charles Ceccaldi-Raynaud, Sénateur-Maire de Puteaux, fils de Joseph Ceccaldi de Evisa.
Écartelé : au 1er de gueules à l’aigle contournée d’argent survolant une montagne du même, au 2e d’azur au sapin arraché d’or, au 3e d’azur au mouflon contourné d’or et sautant d'un rocher du même mouvant de la dextre, au 4e de gueules à la tour d’argent maçonné de sable, ouverte du champ[36].
Devise
Alta tenet Evisa.
Détails
Description du blason officiel votée par le conseil municipal d'Évisa le 5 novembre 1921[37].
Alias
Écartelé : au 1er de gueules aux monts d'argent sommés d'une aigle volant de même, au 2e d'azur au sapin arraché d'or, au 3e d'azur au mouflon sautant d'or, au 4e de gueules au château crénelé d'argent.
Église Saint-Cyprien d'Evisa. Elle est inscrite à l'Inventaire général du patrimoine culturel[41].
Curés du village depuis entre 1830 et 1905
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations contenues dans cette section proviennent du site francearchives.fr[42].
Paul André Caccavelli entre 1852 et 1861
Raphaël Battini en 1861
Pierre-Antoine Leca en 1888 (nomination refusée)
Dominique-Antoine Paoli en 1888
François-Antoine Girolami (1839-1919) en 1901 ; il avait été précédemment vicaire d'Évisa entre 1863 et 1867.
Fêtes et loisirs
La fête religieuse du village est célébrée le , jour de la Saint-Martin, du nom de son église.
Randonnées
Évisa (850 m) est le point de départ ou d’arrivée du sentier muletier qui traverse les gorges de la Spelunca pour descendre jusqu’à Ota après une belle et facile balade de 3 heures environ (nombreux lutrins expliquant la faune et la flore, les ponts génois dont le « pont de Zaglia »).
Les sentiers de randonnée Mare a mare nord et Mare e monti nord passent par le village.
Notes et références
Notes
↑« Les géologues distinguent ordinairement une Corse occidentale ancienne, constituée pour l'essentiel de roches granitiques et une Corse orientale où dominent les schistes. Ces deux parties sont séparées par la dépression centrale, un sillon étroit au relief adouci dont les sommets les plus élevés ne dépassent pas les 700 m d'altitude, constitué pour l'essentiel de terrains sédimentaires secondaires et tertiaires. Cette dépression coupe l'île du nord-ouest au sud-est, depuis l'Ostriconi jusqu'à Solenzara. À l'ouest de cette ligne, s'élèvent les plus hauts sommets de l'île qui constituent une véritable barrière entre les deux départements actuels. - Daniel Istria in Pouvoirs et fortifications dans le Nord de la Corse, Editions Alain Piazzola Ajaccio 2005 - (ISBN2-915410-14-3) ».
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
Lucien Auguste Letteron in Histoire de la Corse Tome I, Bulletin de la Société des sciences historiques & naturelles de la Corse – Imprimerie et Librairie Veuve Eugène Ollagnier - Bastia, 1888 - lire en ligne sur Gallica.
(fr) Le patrimoine de la commune sur le site officiel du ministère français de la Culture (base architecture et patrimoine), Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (archives photographiques) diffusion RMN, et service de l'inventaire général de la Région Corse