La réaction porte le nom de son inventeur, Eric Jacobsen, auquel on associe parfois également celui de Tsutomu Katsuki.
L'utilisation de catalyseurs orientant la stéréochimie pour n'obtenir qu'un seul énantiomère est utile pour les chimistes essayant de contrôler la stéréochimie de composés biologiquement actifs, et ainsi de produire des médicaments énantiopurs(en).
Plusieurs procédures améliorées ont été développées[4],[5],[6].
Au début des années 1990, Jacobsen et Katsuki ont indépendamment publié leurs premières découvertes concernant leurs catalyseurs pour l'époxydation énantiosélective d'alcènes isolés[1],[3]. En 1991, Jacobsen publie un ouvrage où il tente d'améliorer le catalyseur. Il a pu obtenir des valeurs d'excès énantiomérique supérieures à 90 % pour une variété de ligands. De plus, la quantité de catalyseur utilisée ne dépassait pas 15 % de la quantité d'alcène utilisée dans la réaction[2].
Caractéristiques générales
Le degré d'énantiosélectivité dépend de nombreux facteurs :
la structure de l'alcène
la nature du ligand donneur axial sur l'espèce oxomanganèse active
la température de réaction.
Les alcènes cis 1,2-disubstitués cycliques et acycliques sont époxydés avec une énantiosélectivité de presque 100 %, tandis que les alcènes trans 1,2-disubstitués sont des substrats médiocres pour les catalyseurs de Jacobsen. Les alcènes trans 1,2-disubstitués présentent toutefois une meilleure énantiosélectivité avec les catalyseurs de Katsuki. L'époxydation énantiosélective des diènes conjugués est beaucoup plus élevée que celle des diènes non conjugués[8].
L'énantiosélectivité s'explique soit par une approche « top-on » (Jacobsen), soit par une approche « side-on » (Katsuki) de l'alcène.
Mécanisme
Le mécanisme de l’époxydation de Jacobsen – Katsuki n’est pas entièrement élucidé, mais il est probable qu'un intermédiaire portant un manganèse(V) (similaire à l’intermédiaire ferryl du cytochrome P450) soit l’intermédiaire formé lors de l’oxydation du complexe manganèse-salen.
Trois mécanismes ont été proposés : le mécanisme concerté, la voie dite « métalla-oxétane » et le mécanisme radicalaire. Le mécanisme communément accepté est le mécanisme concerté.
Dans ce mécanisme, après la formation du complexe Mn(V), le catalyseur est activé et peut donc former des époxydes avec des alcènes. L'alcène vient en approche « top-on » (au-dessus du plan du catalyseur) et l'atome d'oxygène se lie aux deux atomes de carbone (auparavant liés par une liaison C=C), tout en étant toujours lié au manganèse. Ensuite, la liaison Mn – O se rompt et l'époxyde se forme. Le complexe Mn(III)-salen est régénéré, et peut ensuite être oxydé à nouveau pour former le complexe de Mn(V)[2],[3].
Le mécanisme radicalaire rend compte la formation d'époxydes mixtes lorsque des alcènes conjugués sont utilisés comme substrats[8].
↑ ab et cIrie, R., Noda, K., Ito, Y. et Matsumoto, N., « Catalytic asymmetric epoxidation of unfunctionalized olefins using chiral (salen)manganese(III) complexes », Tetrahedron: Asymmetry, vol. 2, no 7, , p. 481–494 (DOI10.1016/S0957-4166(00)86102-9)
↑Jacobsen, Deng, Furukawa et Martínez, « Enantioselective Catalytic Epoxidation of Cinnamate Esters », Tetrahedron, vol. 50, no 15, , p. 4323–4334 (DOI10.1016/S0040-4020(01)89369-8)
↑Chang, S., Galvin, J. M. et Jacobsen, E. N., « Effect of Chiral Quaternary Ammonium Salts on (salen)Mn-Catalyzed Epoxidation of Cis-Olefins. A Highly Enantioselective, Catalytic Route to Trans-Epoxides », J. Am. Chem. Soc., vol. 116, no 15, , p. 6937–6938 (DOI10.1021/ja00094a059)
↑Brandes, B. D. et Jacobsen, E. N., « Highly Enantioselective, Catalytic Epoxidation of Trisubstituted Olefins », J. Org. Chem., vol. 59, no 16, , p. 4378–4380 (DOI10.1021/jo00095a009)