Une fois élu, le nouveau Parlement doit soit renouveler sa confiance dans le Premier ministre sortant, Gordon Darcy Lilo, ou bien choisir un nouveau Premier ministre[2]. La défaite de Lilo dans sa circonscription signifie toutefois qu'un nouveau Premier ministre doit être choisi. Obtenant le soutien de 31 députés, Manasseh Sogavare, ancien Premier ministre de 2000 à 2001 et de 2006 à 2007, retrouve le pouvoir le à la tête d'une coalition réunissant les Démocrates unis, le Parti Kadere et l'Alliance populaire[3].
En pratique, l'absence de grands partis politiques signifie qu'aucun parti ne peut obtenir une majorité de sièges, et que le Parlement est généralement composé de députés sans étiquette aux côtés de nombreux petits partis avec un faible nombre de sièges. En conséquence, les majorités sont formées par des coalitions instables, et les motions de confiance faisant chuter les gouvernements sont fréquentes au gré d'alliances fluctuantes[5].
La législature 2010-2014 a vu s'enclencher la transition vers la fin du volet militaire de la mission RAMSI - la Mission d'assistance régionale aux Îles Salomon. Cette mission, fruit d'une coopération d'États océaniens, avait été déployée aux Salomon en 2003 à la demande des autorités salomonaises, pour faire face à de graves conflits inter-ethniques dans le pays. En 2013, le gouvernement salomonais et ses partenaires s'accordent à dire que le pays a été stabilisé et pacifié. Les forces militaires néo-zélandaises puis papou-néo-guinéennes se retirent, laissant une présence militaire composée de soldats et d'officiers australiens et tongiens. La mission RAMSI s'oriente alors vers une consolidation des forces de police salomonaises[7].
Pour les élections, la mission RAMSI fournit néanmoins près de quatre-vingt-dix policiers supplémentaires (venus d'Australie, de Nouvelle-Zélande, de Papouasie-Nouvelle-Guinée, du Vanuatu, des Tonga, des îles Cook et des Tuvalu) pour garantir le maintien de l'ordre en cas de besoin[8].
Pour ce scrutin, il y a quelque 287 000 électeurs inscrits[10].
Partis et candidats
Douze partis politiques sont représentés dans le Parlement issu des élections de 2010, aux côtés de dix-neuf députés sans étiquette. Seul le Parti démocrate(en) a un nombre de sièges conséquent (treize), mais ses députés se scindent rapidement en factions divergentes. Aucun autre parti ne dispose de plus de trois députés[11].
Il y a au total 447 candidats, dont vingt-quatre femmes. L'ensemble des quarante-huit députés sortants se représentent (deux sièges étant vacants à l'issue de la législature précédente, en raison de décès). Les deux seules femmes à avoir été députées dans l'histoire du pays, Hilda Kari et Vika Lusibaea, s'affrontent dans la circonscription de Honiara-centre, la capitale[17],[18],[19]. Sur les 447 candidats, 245 concourent sans étiquette, et 202 sous l'étiquette d'un parti politique[16].
Résultats
Résultats d'ensemble et Premier ministre
Le taux de participation est un record : 89,93% des inscrits[20].
L'un des premiers résultats à être annoncés est une surprise majeure : le Premier ministre sortant, Gordon Darcy Lilo, est battu dans sa circonscription. Il ne peut donc pas prétendre conserver la direction du pays. C'est un inconnu, l'enseignant Jimson Tanangada, par ailleurs son neveu[21], qui remporte son siège de Gizo-Kolombangara. Autre surprise : Job Tausinga, vice-président du Parlement et député sans interruption depuis 1984, est également battu[22],[23],[24].
Vika Lusibaea, la seule femme députée sortante, est battue, de même que Hilda Kari, seule autre femme à avoir été députée dans l'histoire du pays, et qui se présentait contre elle dans la même circonscription[25]. Une seule femme est élue, entrant au Parlement pour la première fois : Freda Comua, qui bat sur le fil le ministre des Affaires étrangères sortant Clay Forau dans la circonscription de Temotu Vatud[26].
Trente-deux députés sur cinquante sont élus sans étiquette. La loi d'intégrité des partis politiques de 2014 (Political Parties Integrity Act), dans son article 53(3), interdit aux partis politiques au Parlement de former une coalition avec des élus sans étiquette, l'objectif étant de stabiliser la vie politique du pays. Ainsi, les députés indépendants doivent rejoindre l'un des partis s'ils souhaitent participer au gouvernement. Dès l'annonce des résultats de l'élection, les tractations commencent, chaque parti cherchant à attirer autant de députés indépendants que possible[27],[28].
Deux coalitions se forment, choisissant respectivement l'ancien Premier ministre Manasseh Sogavare et le nouveau député Jeremiah Manele (ancien secrétaire permanent aux affaires étrangères) pour candidats au poste de Premier ministre[29]. Sogavare remporte l'adhésion de trente-et-un députés (lui-même compris), contre dix-neuf pour son adversaire, et devient Premier ministre pour la troisième fois[3].
Le , les députés élisent Ajilon Nasiu (ancien Premier ministre de la province de Rennell et Bellona) à la présidence du Parlement. Aux Salomon, contrairement à la tradition du modèle de Westminster, le président du Parlement n'est pas choisi parmi les députés, mais en-dehors de l'assemblée[30].
Par parti
Résultats des législatives salomonaises de 2014[25],[31],[32]
En , la Haute Cour invalide l'élection en 2014 de Jimmy Tanangada dans la circonscription de Gizo Kolombangara, où il avait battu Gordon Darcy Lilo. La cour estime en effet que la distribution d'aliments à des électeurs par l'équipe de campagne du candidat Tanangada constitue un acte de corruption électorale[34]. Une élection partielle a lieu en , et est remportée par Lanelle Tanangada, l'épouse du député déchu. Se présentant sans étiquette, elle obtient 49,6 % des voix, devançant Gordon Darcy Lilo (30,6 %) et trois autres candidats[35].
En , quelques mois avant les prochaines élections législatives, la Haute Cour invalide l'élection de Freda Comua dans la circonscription de Temotu Vatud. Son siège demeure vacant jusqu'aux élections[36].
Peter Tom, député de l'Alliance démocrate pour Kwaio ouest, meurt le [37].
Conséquences
Une coalition réunissant les Démocrates unis, le Parti Kadere et l'Alliance populaire est formée, permettant à Manasseh Sogavare de redevenir Premier Ministre.
Références
↑(en) « Solomon Islands to go to the polls on November 19 », ABC News, (lire en ligne, consulté le )